«On n'a pas d'offres de location pour les étudiants»

Bordeaux: «On n’a pas d’offres de location pour les étudiants, il y a un blocage»

LOGEMENTEn cette période de rentrée universitaire, les étudiants ont beaucoup de difficultés à trouver un logement. Il y a très peu d’offres et les prix s’envolent…
Elsa Provenzano

Elsa Provenzano

L'essentiel

  • Il existe une pénurie d’offres sur le marché de la location à Bordeaux et sur la Métropole qui pénalise les étudiants.
  • Les agents immobiliers constatent que le turn-over sur les locations est beaucoup moins important que les années précédentes.

La situation du marché locatif bordelais s’est encore tendu par rapport aux années précédentes. « On n’a quasiment pas de départs, les jeunes qui sont en place ne sont pas partis, constate Jean-Marie Duffoire, directeur de l’agence d’Argus Immobilier à Bordeaux. Sont-ils en attente d’une réponse sur Parcoursup ? On a du mal à comprendre ce qui se passe. »

Cette agence gère 400 lots et constate en temps normal un roulement sur au moins 80 locations pendant l’été. Mais cette année, moins de 40 locataires ont résilié leur bail. Résultat : à la mi-septembre, cette agence n’a pas une seule annonce à proposer aux étudiants qui poussent quotidiennement ses portes. « On n’a pas d’offres pour les étudiants, il y a un blocage », affirme Jean-Marie Duffoire.

Une flambée des prix

Pauline recherche un appartement sur Bordeaux depuis début juin pour se rapprocher de son école située à 1h30 de son domicile actuel en transports en commun. « Le problème aujourd’hui, c’est que beaucoup font du Airbnb, alors les potentiels appartements libres deviennent des locations à la semaine, c’est ridicule et très coûteux parce que les touristes prennent nos places. » La jeune femme n’a toujours pas trouvé d’appartement pour se rapprocher de son école : « Aujourd’hui, il vous faut soit un coup de chance énorme, soit beaucoup d’argent », résume-t-elle.

La pénurie d’offres entraîne en effet une flambée des prix. Un studio meublé de 22 m2 au Jardin Public, certes refait à neuf, s’est loué à 750 euros au mois d’août, des prix comparables à ceux pratiqués à Paris. « Tout part, dans n’importe quel état et à n’importe quel prix », se désole Jean-Marie Duffoire. Il confirme que le peu de biens qui ont été reloués l’ont été dans la journée à des chanceux qui ont poussé la porte au bon moment. Il estime que la situation n’est pas meilleure sur les secteurs de Pessac, Talence, Gradignan et Mérignac, prisés des étudiants pour leur proximité avec les centres universitaires et les écoles.

« Les affectations ont été plus tardives cette année (en raison de Parcoursup), nuance Thierry Guérin, directeur de la fédération girondine de la Fnaim. La situation va se régulariser d'ici la fin du mois ».

Effort sur le budget et la localisation

Elina vivait en Vendée et a été acceptée à l’université de Bordeaux. Prévoyante, elle a commencé ses recherches en mai mais n’a trouvé in extremis que fin août. « Le souci c’est qu’étant étudiante en alternance, les agences immobilières refusaient mon dossier ou mon garant devait gagner quatre fois le loyer… », s’insurge-t-elle. Elle a trouvé à se loger mais en faisant un effort sur le budget et la localisation : « Je voulais la Bastide et je suis à Cenon, j’avais comme budget grand maximum 600 euros tout compris et je suis à 650 ».

Anne-Marie Tournepiche, vice-présidente en charge de la vie étudiante de l’université de Bordeaux,a appelé l'ensemble de la communauté étudiante à se mobiliser sur cette question. Elle appelle à une « prise de conscience collective » sur le sujet, craignant que cette crise du logement ne mène à « des situations dramatiques ». d'autant que les effectifs universitaires vont encore croître de façon sensible pour au moins les trois années à venir.

Cette crise du marché locatif ne touche pas seulement les étudiants mais aussi toutes les personnes à la recherche d'une petite surface à louer.

Appel à témoignages : étudiants, vous étiez en galère pour vous loger et vous avez trouvé un bon plan (grâce à un site, un réseau etc.) qui vous a aidé, partagez votre expérience en nous écrivant à: [email protected] Merci pour vos contributions qui pourront servir à alimenter un article sur le sujet.