VIDEO. Bordeaux: Les aides aux viticulteurs sinistrés par la grêle ne compenseront pas les pertes
INTEMPERIES•Le préfet de Gironde a réuni les représentant des viticulteurs touchés par les orages de grêle. Il a annoncé quelques dispositions, incitant surtout les professionnels à recourir à l’assurance…Elsa Provenzano
L'essentiel
- Une réunion de crise a eu lieu en préfecture ce mercredi après l’orage de grêle qui a frappé le vignoble bordelais le 26 mai dernier.
- Des allégements fiscaux déjà mis en place après le gel de 2016 sont envisagés par la préfecture qui rappelle l’importance de l’assurance.
- La profession insiste sur la nécessité d’augmenter les volumes de stockage autorisés pour permettre aux vignerons de constituer une réserve en cas d’aléa climatique.
Après un épisode de grêle particulièrement ravageur, qui a endommagé 7.000 hectares de vignes sur les 114. 000 hectares du vignoble bordelais le 26 mai dernier, une réunion de crise s’est tenue ce mercredi en préfecture, avec tous les acteurs de filière viticole. Environ 500 viticulteurs ont été sinistrés après cet orage virulent, a informé la préfecture de la Gironde, après un état des lieux réalisé avec les appellations.
Des aides de la mutualité sociale agricole (MSA) et des allégements de cotisations vont être mis en place, comme en 2017 après le gel qui avait frappé le vignoble. « L’année dernière, il y a eu sept millions d’euros d’exonérations sur le foncier non bâti après le gel,.On ne peut donc pas parler de mesurettes », a commenté le préfet de la Gironde Didier Lallement. Le département serait aussi sous équipé en générateurs anti-grêle. « Il y a des trous dans la raquette, tout n’est pas couvert », a relevé le préfet.
Une réserve climatique pour les vignerons
Il a souligné que ces décisions ne pourraient pas compenser les pertes déplorées par des viticulteurs qui ont subi des pertes en 2017 et 2018, sans être assurés. Les viticulteurs qui sont dans les situations les plus critiques sont bien ceux qui n’avaient pas d’assurance. Hervé Grandeau, président des grands vins de Bordeaux estime qu’il faut permettre aux vignerons de stocker davantage, les inciter à s’assurer et « constituer une "réserve climatique" qui serait placée sur un compte d’attente, sans prélèvements sociaux ».
Parmi les secteurs les plus touchés avec les Côtes de Bourg et le Haut Médoc, on trouve les Côtes de Blaye. « 2.000 hectares ont été ravagés à au moins 80 % sur 13 communes, décrit Mickaël Rouyer, directeur de l’appellation. Environ 150 vignerons sont concernés ». Parmi eux une vingtaine très durement, car ils n’étaient pas assurés. Les viticulteurs renoncent à s’assurer pour différentes raisons, parce que c’est trop cher pour beaucoup d’entre eux (cela peut aller jusqu’à 500 euros l’hectare) d’autres parce qu’ils n’y voyaient pas d’intérêt, n’ayant pas eu de sinistres pendant de longues années. « Mais maintenant les catastrophes naturelles ne sont plus exceptionnelles, commente Mickaël Rouyer. Le réchauffement climatique ce n’est pas une légende et il faut anticiper ce type d’événement ».
Augmenter la capacité de stockage de la profession
« L’ODG (organisme de défense et de gestion) va se battre pour augmenter les volumes complémentaires individuels (VCI), au moins à une demi-récolte comme cela se fait en Champagne et à Chably, explique le directeur de l’appellation. Mais il faut néanmoins cumuler plusieurs récoltes sans intempéries pour obtenir suffisamment de réserves ». Les Côtes de Blaye ont sensibilisé par courrier les médecins et centres médicaux sur la situation délicate des vignerons, puisque certains ont perdu toute leur récolte. En lien avec les instances comme la chambre d’agriculture, l’appellation entend les accompagner individuellement dans cette crise.
Un bilan sur le déploiement des aides sera tiré fin octobre, début novembre, en espérant qu’un nouvel aléa climatique ne vienne pas encore compliquer la situation.