CIRCULATIONSérie inquiétante d'accidents sur le réseau de tram à Bordeaux

Bordeaux: Une série inquiétante d'accidents sur le réseau de tramway

CIRCULATIONDouze accidents impliquant une voiture se sont produits sur le réseau de tramway de Bordeaux en mars. Une série noire qui inquiète l'exploitant, Keolis...
Mickaël Bosredon

Mickaël Bosredon

L'essentiel

  • Parmi cette série, un accident particulièrement grave dimanche a fait dérailler le tram, tandis que l'automobiliste a été grièvement blessé.
  • Le directeur de Keolis Bordeaux pointe le «comportement irrationnel» des automobilistes.
  • Pour Emmanuel, qui a eu un accrochage avec le tram au volant de sa voiture, «la signalisation est à améliorer.»

La direction de Keolis Bordeaux s’arrache les cheveux : trois accidents entre un tramway et une voiture en moins d’une semaine, dont un, dimanche, qui a fait dérailler la rame. Douze accidents depuis le début du mois de mars. Les chiffres ne sont pas bons du tout.

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Une série noire donc, ponctuée en plus d’accidents relativement graves. « Celui de dimanche près de la gare a été très spectaculaire, confirme Hervé Lefèvre, directeur de Keolis Bordeaux. La voiture, qui aurait grillé un feu rouge même si l’enquête en cours devra confirmer ce point, est arrivée à vive allure et a percuté violemment le tram sur l’avant, faisant sortir des rails une partie de la rame. Notre conducteur ne pouvait absolument rien faire. »

Cinq heures d’interruption de trafic dimanche soir

Conséquence : l'automobiliste a été grièvement blessé, et opéré mercredi d’un traumatisme crânien. La circulation sur la ligne C du tramway a du être interrompue pendant cinq heures, le temps de remettre la rame sur les rails. « Pour cela nous avons une technique, éprouvée à Bordeaux : nous faisons intervenir deux dépanneuses, l’une qui tire l’autre qui pousse la rame, et centimètre par centimètre nous remettons le tram sur les rails. Le problème dimanche, est que nous n’avons pu faire intervenir qu’une seule dépanneuse. » Et cinq heures d’interruption, un dimanche soir sur une ligne qui dessert la gare… C’est un véritable coup dur pour les utilisateurs du réseau.

Tout cela a également un coût. « Le tarif pour le dépannage est de 520 euros de l’heure, facturée à l’assurance de l’automobiliste. A cela, il faut ajouter le coût des réparations, qui seront supérieures à 20.000 euros dans le cas de l’accident de dimanche. » Et Keolis se retrouve de surcroît avec des rames immobilisées. « En ce moment même, nous en avons cinq en réparation suite à des accidents » déplore le directeur.

« Un comportement imprévisible et irrationnel des conducteurs des automobilistes »

Vendredi soir, c’est un automobiliste qui roulait à contresens qui a percuté un tramway porte de Bourgogne. Et mercredi après-midi, un autre était en train d’effectuer une marche arrière sur les rails, suivant les indications de son GPS, quand il a été accroché par une rame entre porte de Bourgogne et Place de la Bourse.

Accident de tramway avec une voiture, à Bordeaux le 28 mars 2018.
Accident de tramway avec une voiture, à Bordeaux le 28 mars 2018. - M.Bosredon/20Minutes

« « Ce qui est tout à fait préocuppant, et on le ressent particulièrement depuis deux ans, c’est le comportement imprévisible et irrationnel des conducteurs… Il n’y a pas très longtemps, un automobiliste a voulu faire un dérapage contrôlé pour doubler le tram ! » se désole Hervé Lefèvre. »

« Le tram est tellement bien intégré que parfois on ne le voit pas »

Contacté par 20Minutes, Emmanuel, l’automobiliste qui a percuté un tram vendredi soir porte de Bourgogne, raconte pour sa part que « le tramway est tellement bien intégré dans la ville, que parfois on ne le voit pas. »

« Je suis du bassin d’Arcachon, et je ne viens pas souvent sur Bordeaux, poursuit-il. Je reconnais que j’étais un peu perdu, et que je n’ai pas l’habitude de cette circulation qui arrive dans tous les sens. Je me suis engagé dans une rue à sens unique, j’étais masqué par un muret, et je n’ai pas vu le tram arriver. Il a percuté l’avant droit de ma voiture, c’est allé très vite. Mais j’ai quand même l’impression qu’il n’y a pas beaucoup de signalisation, et qu’il y aurait peut-être des choses à faire à ce niveau-là. »

Hervé Lefèvre souligne pour sa part que « sur les 522 sinistres que nous avons eus ces trois dernières années, seuls huit concernaient un non-respect des signalisations de la part de nos conducteurs. Ce qui veut dire que dans 98 % des cas notre responsabilité n’est pas engagée. »

Le nombre d’accidents avec les vélos a doublé en 2017

Pour Keolis, il faut poursuivre le travail de pédagogie, encore et encore. « On sait qu’il y a une hausse du volume de circulation à Bordeaux, avec notamment de nouveaux habitants qui arrivent et qui ne sont pas forcément au fait de la signalisation aux abords du tram. Parallèlement nous poursuivons nos investissements sur la formation de nos conducteurs. Notre meilleur gage contre les accidents, ce sont nos conducteurs. »

L’exploitant va néanmoins relancer une campagne de prévention auprès des automobilistes, mais aussi des piétons et des vélos. Le nombre d’accidents avec ces derniers a doublé en 2017, passant de 15 en 2016 à 28 en 2017. « Il y a notamment un vrai souci avec les livreurs à vélo car leur prise de risque est hallucinante. »

Une moyenne de neuf accidents par mois

La moyenne des accrochages entre un tramway et un véhicule motorisé (voiture ou poids-lourd) est tout de même de 9 par mois sur le réseau bordelais entre 2014 et 2017. « Là dessus, nous sommes plutôt conformes à nos autres réseaux dans les grandes métropoles françaises, puisque nous avons un taux d'accidentologie de 0,27 pour 10.000 km sur Bordeaux, contre 0,31 en France. Même s'il existe de fortes disparités entre les villes : à Lille, où le tramway est protégé sur 80 % du linéaire, le taux est de 0,07, alors qu'il est de 0,34 à Lyon, une ville où il existe des secteurs très accidentogènes » explique Hervé Lefèvre, directeur de Keolis Bordeaux.