Bordeaux Euratlantique: «Une thématique encore inexploitée en France pour notre futur musée»
INTERVIEW•Outre un projet d'aquarium, que nous avions révélé le 11 octobre dernier, le périmètre Euratlantique à Bordeaux accueillera également un musée dans le futur jardin de l'Ars, sur lequel les équipes de l'établissement public d'aménagement travaillent d'arrache-pied en ce moment...Mickaël Bosredon
L'essentiel
- Le futur aquarium, qui sera implanté sur la rive droite, proposera très peu de bassins d'eau et sera en fait surtout équipé d'outils numériques.
- Euratlantique va aussi démarrer l'aménagement du quartier Armagnac-Sud, une grande friche ferroviaire.
- La passerelle Eiffel est en train d'être consolidée et sera transformée, dans un projet qu'il reste encore à travailler.
Une nouvelle ville dans la ville. Euratlantique, avec ses 730 ha à aménager autour de la gare, sur les communes de Bordeaux, Bègles et Floirac, est l’une des plus importantes opérations de réaménagement urbain de France.
Le périmètre doit accueillir 40.000 nouveaux habitants, et sera doté de nombreux nouveaux équipements. 20Minutes fait le point sur l’avancée de ce chantier titanesque, avec Alexandre Villatte, responsable du pôle aménagement et directeur général adjoint de l’Etablissement public d’aménagement (EPA) Euratlantique, et Marion Le Fur, responsable de la communication.
Les deux dernières grosses annonces d’Euratlantique portaient sur la création d’une rue commerçante, la rue Bordelaise, et le projet d’aquarium. Ces deux projets avancent-ils ?
Alexandre Villatte : Ce sont des projets plutôt bien accueillis, même s'il y a eu sur l'aquarium une pétition car des gens ont pensé qu’on allait y mettre des dauphins qui sauteraient en même temps que l’arrivée du TGV ! (sic) Il n’y aura pas de dauphin, ce sera même un projet axé autour des outils numériques, et il n’y aura quasiment pas de bassin d’eau. C’est un projet similaire à ce que l’on trouve dans le centre de New York, avec des écrans vidéo.
Marion Le Fur : Le terme aquarium a pu faire peur, mais ce sera plutôt un musée présentant les écosystèmes marins.
A.V. : De toute façon pour l’instant nous n’en sommes pas à travailler sur le contenu, mais déjà à trouver où on le place et comment on le place. Nous sommes en plein dedans en ce moment. Pareil sur la rue bordelaise, c’est un projet extrêmement complexe et cela prend du temps. Mais il n’y a pas d’inquiétude majeure sur ces deux projets.
D’autres projets sont-ils en train de se concrétiser ?
A.V. L’autre actualité importante, c’est la réalisation du quartier Armagnac-Sud : il s’agit de friches ferroviaires que la SNCF abandonne d’ici la fin de l’année. Nous sommes en train de mettre en œuvre les études, la conception et la commercialisation de cet ensemble, calé autour d’un jardin central - à l’échelle d’un gros square parisien - qui va venir irriguer tous les immeubles autour. C’est une avancée importante car cela concerne à peu près 1.000 logements, avec des bureaux, une école et une école d’ingénieurs.
Pour chacun de nos quartiers nous partons d’une trame d’espace public fédérateur, que l’on enrichit d’usages tout autour : des commerces, des équipements… Puis nous réfléchissons à la forme urbaine, avec une ligne architecturale homogène sur l’ensemble d’Euratlantique, mais spécifique à chaque quartier, pour qu’on ait le sentiment d’appartenir à Armagnac-sud, jardin de l’Ars, Citernes ou Belvédère…
Sur le jardin de l’Ars, il avait été évoqué l’implantation d’un musée. C’est toujours d’actualité ?
A.V. : On est en plein dedans. C’est comme l’aquarium, c’est un projet compliqué car il faut trouver le bon équilibre entre les investissements et le prix du ticket d’entrée. Le jardin de l'Ars fera 9 ha, avec différentes thématiques et tout un travail sur la gestion des eaux et la protection du patrimoine ferroviaire. Nous allons essayer de faire un jardin permettant aux Bordelais de découvrir les paysages de la grande région, avec la volonté que ce soit pédagogique.
Ce que nous voulons c’est une grande porosité entre le futur musée et ce jardin. Mais pour l’instant nous sommes silencieux sur le contenu du musée, car nous sommes en pleines négociations.
« Très clairement, il y a une concurrence de territoires et nous n’avons pas envie de donner la bonne idée à nos voisins de Nantes ou de Toulouse. En tout cas la thématique à laquelle on réfléchit n’est pas encore exploitée à ce jour en France. »
La concurrence avec les autres métropoles est si forte que cela ?
A.V. C’est une réalité. Pourquoi Bordeaux se vante d’avoir les meilleurs classements depuis quelques années ? Il faut se remuer les méninges en permanence, chercher les choses qui vont plaire, tout en étant réaliste. Nous faisons extrêmement attention à ce que l’on propose puisse aller au bout.
« Il y a une mode depuis deux trois ans, c’est de faire des concours d’architecture où tous les bâtiments ressemblent à des énormes arbres avec des bâtiments limite en lévitation… On verra le jour où il faudra les construire ces bâtiments. Nous, on est plutôt sur des choses pragmatiques, réalistes, mais séduisantes. »
Verra-t-on des choses se concrétiser en 2018 ?
A.V. : On va livrer la première tranche du quai de Paludate : la Meca sera livrée à l’automne et ouvrira au printemps 2019, les espaces publics entre la Meca et la Caisse d’Epargne vont se terminer, et la halle Boca ouvrira en octobre, et sera essentiellement consacrée à de la restauration.
Beaucoup de chantiers vont démarrer le long de la rue Carle-Vernet. Il y aura aussi les livraisons de Quai 8.2, qui va accueillir Orange, Allianz, Erasmus... C’est l’arrivée d’un nombre de salariés important.
M.L.F : Il y aura le pont de la Palombe aussi. La fin de l’installation se fera en mai, pour une ouverture en 2020.
Et où en est-on de la réhabilitation de la passerelle Eiffel ?
A.V. : Nous sommes partenaires avec la SNCF et la métropole sur le confortement de la passerelle. Ce sont des travaux qui ont débuté et qui vont se poursuivre le mois prochain.
Ensuite, nous travaillons avec une association de défense de la passerelle pour voir dans quelle mesure on est capable de lui redonner un usage. Elle trouvera sa place, car c’est un monument historique. Mais elle est longue : 500 m dans un tube en fer, un certain nombre n’iront qu’une fois si c’est juste une passerelle piétonnière ! Donc il faut l’agrémenter pour en faire quelque chose d’exceptionnel. Mais c’est un dossier compliqué.
Le dossier de la Cité numérique va aussi se concrétiser ces prochains mois ?
M.L.F : On est en pleins travaux et cela prend forme. On va livrer les premiers locaux aux premières entreprises en juin, soit environ 2.400 m2.
Le pôle digital de Sanofi s’y installera ce qui représente une centaine d’emplois. Mais, globalement, les entreprises arriveront plutôt en septembre le temps de l’aménagement intérieur.