AUTOMOBILEA Bordeaux, les socialistes veulent un «moratoire» sur le stationnement

Bordeaux: Les élus socialistes vont demander à Juppé un «moratoire» sur la politique de stationnement

AUTOMOBILELes élus socialistes du conseil de Bordeaux ont dénoncé ce dimanche les effets «pervers» de la politique de stationnement de la mairie, et vont demander à Alain Juppé un «moratoire» le temps de tout remettre à plat...
A Bordeaux, l'extension du stationnement payant à l'ensemble des quartiers a du mal à passer.
A Bordeaux, l'extension du stationnement payant à l'ensemble des quartiers a du mal à passer. - M.Bosredon/20Minutes
Mickaël Bosredon

Mickaël Bosredon

L'essentiel

  • Outre le PV à 17 euros remplacé par un forfait post-stationnement à 35 euros depuis le 1er janvier, le stationnement payant est en train de s'étendre à tous les quartiers.
  • Cette «salve de mesures» selon les socialistes génère de «l'injustice sociale.»
  • Ils demandent au maire différents aménagements, comme la possibilité pour certaines familles bordelaises d'obtenir un deuxième macaron résidentiel.

Depuis quelques semaines, il ne se passe quasiment plus une journée sans qu’un automobiliste qui doit se garer dans Bordeaux ne monte au créneau. Qu'il s'agisse de professionnels (médecin, artisan...) ou d’usagers de services publics comme les hôpitaux, ils pestent contre l’augmentation du tarif de stationnement en ville (passé à 35 euros au-delà de deux heures) ainsi qu’au forfait post-stationnement - qui remplace les PV - passé à 35 euros au 1er janvier au lieu de 17 euros.

Et que dire de l’extension de ce stationnement payant à l’ensemble des quartiers bordelais ? Un vent de révolte gronde même dans des quartiers sociologiquement favorables au maire de Bordeaux (Saint-Augustin, Caudéran), une pétition est en cours dans le quartier Grand-Parc-Chartrons tandis que La Bastide, rive droite, avait été l’un des tout premiers à se manifester contre cette « injustice. »

Possibles assouplissements

« Depuis le début de l’année, c’est essentiellement de cela dont nous entendons parler dans la rue » confirme Michèle Delaunay, conseillère municipale d’opposition (PS). Ce dimanche, elle tenait avec les autres membres du groupe PS du conseil de Bordeaux, Vincent Feltesse, Emmanuelle Ajon et Nicolas Guenro, une conférence de presse pour dénoncer, entre autres, « le manque de concertation » sur ce sujet « qui aboutit à de l’injustice sociale. »

De gauche à droite: les élus socialistes de Bordeaux Emmanuelle Ajon, Michèle Delaunay, Vincent Feltesse et Nicolas Guenro
De gauche à droite: les élus socialistes de Bordeaux Emmanuelle Ajon, Michèle Delaunay, Vincent Feltesse et Nicolas Guenro - M.Bosredon/20Minutes

Le maire de Bordeaux a de son côté laissé entendre qu'il pourrait « assouplir » certaines mesures, éventuellement en faisant passer le forfait post-stationnement à 17 euros. Mais pour les socialistes, « c’est toute la politique du stationnement » qu’il faut revoir, et Vincent Feltesse a annoncé qu’il demanderait à Alain Juppé un « moratoire » sur cette politique, afin de tout revoir et tout remettre à plat.

« Impacts sur le travail et l’emploi »

L’opposition demande en premier lieu de revenir sur la politique du macaron résidentiel unique dans les foyers, proposé aux Bordelais au tarif de 15 euros par mois. « Nous pensons qu’il faut absolument un deuxième macaron pour les familles où il y a deux actifs obligés d’utiliser leur voiture » estime Michèle Delaunay. Alain Juppé argumente de son côté qu’il ne peut pas « distribuer plus de macarons qu’il n’y a de places. » C’est pourquoi Nicolas Guenro suggère une « bourse aux macarons » dans laquelle les Bordelais qui ne l’utilisent pas, pourraient le rétrocéder aux familles qui en ont besoin de deux.

Les socialistes ont listé tout un tas d’effets « pervers » à « cette salve de mesures » tombées en même temps. « Ce qui m’importe le plus, c’est l’impact sur le travail et l’emploi » argumente Michèle Delaunay, donnant l’exemple de « ceux qui ont un petit salaire et qui ont l’obligation dans une même journée de se rendre à différents endroits, comme les aides à domicile. » Elle demande aussi qu’un macaron résidentiel puisse être distribué aux patients devant se rendre dans un hôpital bordelais pour une consultation.

Une volonté de « protectionnisme » pour les entreprises bordelaises ?

Emmanuelle Ajon appuie sur « l’injustice selon les quartiers où on habite : certains ont la chance d’avoir un garage ou une cour, quand dans d’autres quartiers cela n’existe quasiment pas. Et il y a un déséquilibre par rapport à l’offre de mobilités, puisque des quartiers sont entièrement dépourvus de stations de V’Cub et de parkings à vélo, comme La Benauge. » L’élue s’interroge par ailleurs sur la volonté d’une forme de « protectionnisme. » « Une entreprise extérieure à Bordeaux, va dorénavant répercuter le prix du stationnement sur son devis, ce que ne sera pas obligée de faire une entreprise bordelaise… »

« Entre les cours et les boulevards, il n’existe quasiment pas de parking, ce qui met à mal la politique municipale d’inciter à aller se garer dans des parkings au-delà de deux heures » souligne pour sa part Nicolas Guenro, qui suggère l’instauration de « disques bleus » dans certaines zones. Vincent Feltesse pointe, lui, que « l’argent des forfaits post-stationnement ira dans les caisses de la métropole » et qu’il faut donc réfléchir à une « politique à l’échelle métropolitaine, sinon les mêmes problèmes vont bientôt se poser dans d’autres villes. »

« Tout le monde est logé à la même enseigne. Il n’y a pas de logique. »

Pour les socialistes, la situation actuelle est le fruit d’une certaine « impréparation » de la municipalité, qui aurait dû réaliser « des études plus fines en amont pour anticiper. » « Nous sommes tous d’accord pour dire qu’il faut aller vers un sevrage de l’automobile » assure Emmanuelle Ajon, et que « l’espace public est rare », ajoute Nicolas Guenro.

Mais pour ce dernier, « ce qui est important, c’est d’expliquer en quoi une politique de stationnement est juste, or là, la réponse c’est : tout le monde est logé à la même enseigne. Il n’y a pas de logique. »