Bordeaux: Pour ses vœux, Juppé insiste sur les défis du logement et de la circulation
POLITIQUE•S’il s’est félicité de la mise en service de la ligne à grande vitesse vers Paris, de la hausse de fréquentation des musées et du dynamisme économique de la métropole en 2017, le maire de Bordeaux a reconnu un certain nombre de tensions sur le marché immobilier et les déplacements…Elsa Provenzano
L'essentiel
- Alain Juppé estime qu’il faut continuer à construire des logements au rythme engagé depuis trois ans pour faire face à la demande.
- Sur les problèmes de circulation, il demande l’appui de la Région et de l’Etat.
- La décision sur la fermeture définitive du pont de pierre aux voitures sera prise lundi prochain.
Si Alain Juppé, maire de Bordeaux, a commencé ses vœux à la presse en rappelant que 2017 a été l’année de la mise en service de la ligne à grande vitesse vers Paris, que la fréquentation des musées de la ville a augmenté de 5 % et que les créations d’emplois nets ont augmenté de 3,4 % (soit 3.700 créations), cet exercice a surtout été l’occasion de détailler sa feuille de route pour faire face à la crise du logement sur Bordeaux et aux problèmes chroniques de circulation sur l’agglomération. Il nous faut « penser au plus loin et agir au plus près » a-t-il lancé, reformulant le slogan écologiste « penser global pour agir local ».
Logement : il défend une politique de l’offre
Les prix des appartements anciens du centre de Bordeaux se sont envolés, rivalisant maintenant avec les prix niçois. Et la progression du nombre de logements loués sur Airbnb a aussi pour conséquence une pénurie du nombre de logements. Face à cette situation, le maire de Bordeaux a estimé qu’il fallait continuer « une politique de l’offre pour répondre à la demande en logements ».
Plusieurs milliers de logements vont encore être livrés à Ginko, Bassins à flot, Brazza, Garonne-Eiffel et Saint-Jean Belcier. « Depuis trois ans, nous avons atteint un rythme de 9.000 logements par an livrés sur la métropole à comparer au 4.400 sur le reste de la Gironde », rappelle Alain Juppé.
Un « pacte du bien construire » est en cours d’élaboration avec des promoteurs constructeurs et doit permettre qu’ils s’engagent à recourir à un architecte tout au long du processus de construction et qu’une évaluation périodique ait lieu sur les logements livrés. Il assure aussi qu'une négociation est menée avec les promoteurs sur l'accession à la propriété à des prix maîtrisés et sur une façon de « casser la spirale de la surenchère des promoteurs sur les emprises foncières ». S'appuyant sur les données de l'observatoire de l'immobilier, il a assuré qu'il n'y avait pas de flambée des loyers.
Faisant le point sur les opérations en cours dans le cadre de l’opération d’intérêt national Euratlantique, le maire de Bordeaux annonce que sur la ZAC Saint-Jean Belcier, proche de la gare, presque 100.000 m2 ont été mis en chantier en 2017 sur le secteur Paludate et Abattoirs, 2500 salariés y travaillent et 7000 m2 de commerces nouveaux sont prévus dont la Halle Boca.
Il a annoncé que six groupes scolaires seraient construits et livrés d’ici 2020 et 288 places de crèche ouvertes en 2018.
Comment améliorer le trafic routier ?
Ce n’est pas un problème nouveau mais l’attractivité de l’agglomération continue à l’accentuer. Pour y faire face, Alain Juppé propose des actions sur plusieurs fronts : la poursuite de la mise à 2X3 voies de la rocade, le développement du ferroviaire (fret et projet d’une sorte de RER métropolitain), le développement de transports en site propre, la poursuite du plan vélo, l’amélioration du réseau TBM, et le développement des « déplacements intelligents » (covoiturage, plan de déplacements entreprises). Sur ce dossier sensible, il attend le concours de l' Etat (et ses conclusions issues des assises de la mobilité) et de la Région.
L’Etat a donné son accord pour la mise à quatre voies du pont François Mitterrand, ce qui signifiera la fermeture de la piste cyclable. La décision concernant la fermeture définitive du pont de pierre aux véhicules à moteur sera prise lundi prochain lors de la réunion du comité.
Il a rappelé que la municipalité et la Métropole, qu’il préside, doivent relever ces défis dans un contexte de contrainte budgétaire forte. « Il y a une baisse des dotations depuis 2014 et une montée en puissance de la péréquation, estime-t-il. Cela revient à 197 millions d’euros perdus pour la Métropole et 74 millions d’euros pour la Ville, ce qui représente 20 % du produit de nos recettes fiscales ».
Une réunion sur les finances de la Métropole aura lieu en février.