URBANISMEQuelles sont les 8 villes de Gironde à la démographique la plus galopante?

«Bordeaux apparaît de façon nouvelle dans le top français de la croissance démographique»

URBANISMELe géographe Laurent Chalard vient de publier dans le magazine « Population & Avenir » un classement des 91 communes où l’on observe les plus fortes croissances urbaines (entre 2006 et 2014). Parmi celles-ci huit se trouvent en Gironde…
Mios est une banlieue pavillonnaire périurbaine lointaine, qui a presque doublé sa population depuis 1999.
Mios est une banlieue pavillonnaire périurbaine lointaine, qui a presque doublé sa population depuis 1999.  - Capture d'écran Google maps
Elsa Provenzano

Elsa Provenzano

L'essentiel

  • Un dossier qui vient d'être publié dans la revue « Population & Avenir » livre des données sur les villes dans lesquelles on observe les plus fortes croissances urbaines entre 2006 et 2014.
  • La Gironde se distingue puisque huit de ses communes figurent parmi les 91 les plus dynamiques.
  • Ces villes sont attractives pour des raisons très différentes : proximité de l'aéroparc, du littoral ou foncier accessible.

«Bordeaux apparaît de façon nouvelle dans le top français de la croissance démographique sur la dernière période (2006-2014) et se retrouve proche des métropoles de Lyon et de Toulouse et ce n’était pas le cas dans les décennies précédentes », observe Laurent Chalard, géographe et auteur d'un dossier intitulé «La géographie des plus fortes croissances urbaines» qui figure au sein du dernier numéro du magazine « Population & Avenir ».

Huit communes à la croissance forte en Gironde

Dans ce dossier, le géographe répertorie les 91 communes françaises dont la démographie est en plus forte croissance et le département de la Gironde en compte huit : Mios, Bruges, Le Haillan, Saint-André-de-Cubzac, Gujan-Mestras, Ambarès-et-Lagrave, Eysines et Saint-Médard-en-Jalles. Une neuvième, associée à l’aire urbaine d’Arcachon selon les critères de l’Insee, peut être citée, c’est Biscarosse.

L’évolution de la population dans ces villes a été étudiée de 2006, année qui marque la première phase de la nouvelle méthode de recensement, à 2014, date à laquelle ont été émises les dernières données disponibles. « Cela permet de s’appuyer sur deux méthodes de recensement identiques », précise Laurent Chalard.

Sa méthode est de retenir comme commune urbaine, les villes d’au moins 5.000 habitants et pour estimer qu’elles sont en forte croissance elles doivent avoir vu augmenter leur population de plus de 2.000 habitants entre 2006 et 2014 et une progression démographique supérieure à 10 % sur cette période.

Les raisons de l’attractivité démographiques de ces petites villes sont très variables. « Elles sont en quasi-totalité en dehors de la rocade, là où il y a de l’espace urbanisable, analyse le géographe. L’exception c’est Bruges, qui dispose d’espaces non urbanisés et surtout n’a pas de terrains viticoles ».

Des communes avec du foncier accessible

Mios, qui compte 8.659 habitants en 2014 contre 6.206 en 2006 est ce que le géographe appelle une commune « babyboomburb ». Ce terme américain désigne des banlieues pavillonnaires avec des démographies explosives, qui passent du statut de village à celui de petite ville, sans atteindre les 10.000 habitants. Celles qui les atteignent comme Gujan-Mestras (20.575 habitants en 2014) et Le Haillan (10.791) sont appelées les « boomburbs ». « J’utilise ces termes car en France, le mot banlieue renvoie à une image négative, ce qui explique qu’on n’ait pas vu l’émergence d’autres types de banlieues comme celles pavillonnaires qui se sont développées après les 30 glorieuses », précise l’auteur du dossier.

Mios est un exemple remarquable de « babyboomburb » au sens où la commune ne comptait que 2.400 habitants en 1975 et que cette population n’avait alors pas bougé depuis 1821. Entre 1999 et 2014, le nombre d’habitants de cette commune située à 45 minutes de Bordeaux a quasiment doublé. Les nouveaux habitants sont de jeunes actifs de la classe moyenne basse (professions intermédiaires, salariés, employés etc.) et très peu de cadres. « Ce sont des gens qui n’arrivent plus à se loger sur la Métropole Bordelaise et qui souhaitent une habitation individuelle, estime Laurent Chalard. On retrouve la même situation à Saint-André-de-Cubzac, car là aussi le foncier est moins cher que sur l’agglomération ».

Des communes prisées pour leur proximité avec des bassins d’emplois ou du littoral

Les populations qui s’installent à Saint-Médard-en-Jalles, Eysines et le Haillan visent souvent à s’installer à proximité de l’aéroparc (zone d’activité aéronautique autour de l’aéroport de Bordeaux-Mérignac) où elles travaillent. Gujan-Mestras s’impose comme la « ville des actifs du Bassin d’Arcachon », estime le géographe, tandis qu’Arcachon perd des habitants. Elle accueille aussi, comme Biscarosse, des retraités attirés par la qualité de vie du littoral.

Le prix à payer pour cette évolution démographique c’est celui de l’étalement urbain, plus marqué que dans d’autres métropoles comme Lyon par exemple et à rapprocher de ce qui est observé à Toulouse. « Il y a une prédominance de l’habitat individuel qui rappelle les villes américaines, c’est une tendance observée dans le Sud-Ouest », remarque Laurent Chalard. Si les politiques ont engagé des programmes censés lutter contre cet étalement urbain, comme celui des 50.000 logements autour des axes de transports sur la Métropole Bordelaise, le géographe estime qu’il est encore trop tôt pour en mesurer les effets. Il faudra attendre 2020 à 2021, pour les analyser et avoir le recul suffisant concernant aussi les conséquences démographiques de la mise en service de la ligne à grande vitesse vers Paris.