E-SANTELa start up bordelaise Exelus écrit le futur de la télémédecine

Bordeaux: Avec Nomadeec, la start up Exelus dessine le futur de la télémédecine

E-SANTELa plateforme de télémédecine mobile Nomadeec, créée par la start up Exelus, permet un échange d'informations plus rapide sur l'état d'un patient, entre le médecin urgentiste et le médecin régulateur du CHU...
Mickaël Bosredon

Mickaël Bosredon

L'essentiel

  • En un an et demi, Nomadeec a déjà été adopté par un quart des Samu en France.
  • Grâce à une tablette tactile, le professionnel de santé sur le terrain peut envoyer tout un tas d'information en direct au médecin-régulateur.
  • Exelus réfléchit dans un deuxième temps à une solution plus simple pour les particuliers.

Un an et demi après sa mise sur le marché, la plateforme de télémédecine mobile Nomadeec, développée par la start up de Latresne (près de Bordeaux) Exelus, a déjà été adoptée par un quart des Samu en France. Le CHU de Poitiers s’est également équipé de cette solution permettant au médecin urgentiste envoyé sur le terrain, ou à tout autre professionnel de la santé, de faire parvenir en un temps record tout un tas d’informations sur le patient (photos, vidéos, tension artérielle, saturation ou électrocardiogramme) au médecin régulateur du Samu.

« Le médecin régulateur, qui est celui qui décide d’envoyer telle ou telle équipe médicale sur place, doit prendre un diagnostic parfois vital en quelques secondes. Grâce à Nomadeec il peut objectiver davantage sa prise de décision » explique Xavier Maurin, ingénieur de formation et cofondateur d’Exelus avec Louis Rouxel, médecin régulateur pendant dix ans à Bordeaux.

« Ce dispositif a permis de modifier la décision du régulateur dans un quart des cas »

Nomadeec prend la forme d’une tablette tactile pour le professionnel de santé intervenant sur le terrain, et à l’autre bout de la chaîne d’une application web sécurisée pour le médecin régulateur qui s’y connecte pour recevoir toutes les informations. Des visioconférences entre les deux intervenants sont même possibles.

« L’enjeu pour le médecin régulateur est d’avoir un bon reflet de la situation qu’on nous présente, l’objectif étant de prendre la bonne décision, explique le Dr Henri Delelis-Fanien, directeur médical du Samu au CHU de Poitiers. La seule chose qui est modifiée avec Nomadeec, c’est la façon dont est transmis le bilan, puisqu’on peut recevoir en temps réel des informations, et demander au secouriste d’effectuer un électrocardiogramme. Ce dispositif a permis de modifier la décision du régulateur dans un quart des cas. » Et notamment de « réduire les hospitalisations évitables », précise Xavier Maurin.

Un abonnement de 200 euros par mois tout compris

Pour Exelus, la solution Nomadeec sera d’autant plus efficace si un maillage territorial est mis en place. C’est ce qui est en train de se faire dans la Vienne autour du CHU de Poitiers, puisque les principales sociétés d’ambulance, des Ehpad (établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes), ou des sociétés privées comme Center Parcs ou le Futuroscope s’en sont équipées.

Nomadeec est vendu sous la forme d’un abonnement de 200 euros par mois comprenant la tablette, l’application, les mises à jour, la formation du personnel et la puce 4G intégrée, ou de 4.990 euros avec un abonnement de 50 euros par mois pour les services associés.

Nomadeec retenu dans un projet d’une prise en charge plus rapide des victimes d’AVC

Dans un deuxième temps, Nomadeec vise le marché des particuliers, « avec une solution plus simple pour permettre à tout un chacun de réaliser un premier bilan : prendre une photo ou une tension artérielle, ce n’est pas très compliqué », explique Xavier Maurin.

En attendant, Nomadeec a été retenu par la région Nouvelle-Aquitaine dans son appel à projet e-santé. L’outil va ainsi équiper le projet Optic-AVC, une étude unique en France qui vise à mettre en place une solution de télémédecine pour la prise en charge des victimes d’AVC dès le lieu de l’accident.

« L’idée est de mieux trier le patient pour l’orienter au plus vite vers la bonne filière, sachant que l’AVC est une véritable course contre la montre : 30 minutes, cela peut être la différence entre une personne qui marche et une autre qui, au final, ne marchera plus », insiste Xavier Maurin.

Prochaine étape : La réalité augmentée

Le projet Optic-AVC s’adresse essentiellement aux victimes situées dans les zones rurales, et qui ont besoin d’une thrombectomie. Seuls quatre hôpitaux en Nouvelle-Aquitaine la pratiquent, la prise de décision, et la prise en charge, ne doivent en être que les plus rapides. Le projet doit toutefois encore passer plusieurs étapes de validation, avant un déploiement prévu pour 2019 dans la région.

D’ici là, Exelus présentera, au prochain CES de Las Vegas, du 9 au 12 janvier 2018, une nouvelle évolution de Nomadeec, avec un prototype incorporant la réalité augmentée. « Equipé d’un casque Microsoft HoloLens, le médecin urgentiste aura l’information qui arrivera dans son casque, et il pourra d’autant plus se focaliser sur la prise en charge de son patient. » Des pilotes seront présentés en 2018 : « C’est le futur de la télémédecine. »