Urbanisme: Deux architectes Bordelaises repensent un site industriel et décrochent le premier prix du concours Europan
INFO «20 MINUTES»•L’agence JAGG, créée par deux Bordelaises âgées de 29 ans, vient de remporter le premier prix du concours Europan. Leurs idées pour repenser un site d'environ 30 hectares sur Bègles ont séduit le jury…Elsa Provenzano
L'essentiel
- L’agence d’architecture JAGG vient de remporter ce vendredi le premier prix du concours Europan sur le thème de « la ville productive » lancé sur environ 30 hectares à Bègles.
- Les deux Bordelaises de 29 ans, Armelle Goyon et Jeanne Gerbeaud, ont imaginé un système de fret fluvial pour approvisionner les entreprises présentes sur le site (Un centre Coliposte et une papeterie) afin de pouvoir faire cohabiter logements et entreprises.
- Le concours offre une belle visibilité à la jeune agence et la ville de Bègles bénéfice de leur émulation créative. La transformation du site est envisagée à l’horizon 2030.
De jeunes architectes européens, âgés de moins 40 ans, ont planché sur l’aménagement d’un site industriel d'environ 30 hectares, aux portes de Bordeaux, sur la commune de Bègles. Les équipes ont présenté leurs projets en juillet et le jury vient de délibérer ce vendredi, jetant son dévolu sur les propositions de l’Atelier JAGG, une agence Parisienne d’architecture créée par deux Bordelaises, Armelle Goyon et Jeanne Gerbeaud, toutes les deux âgées de 29 ans. La jeune équipe a décroché le premier prix de ce concours réputé et dont le jury est composé d’architectes européens et d’experts en urbanisme.
Les architectes participant au concours Europan ont été priés de livrer une vision du site en ayant à l’esprit le thème de l'appel à idées « la ville productive », articulant leurs propositions avec les activités économiques existantes (la papeterie Siniat et la plateforme Coliposte qui emploient plusieurs centaines de personnes) puisque la ville de Bègles, la Métropole et l'établissement public d'aménagement Euratlantique souhaitent les conserver.
Du fret fluvial imaginé
« Sur le site de la papeterie, il n’y a plus de nuisances sonores ni olfactives mais il y a une noria de camions qui y transitent », observait Jean-Etienne Surleve-Bazeille, adjoint à l’urbanisme à la mairie de Bègles, en avril 2017, lors du lancement du concours. Appelant de ses vœux une solution fluviale, il a été entendu par l’équipe JAGG qui propose un fret organisé via le fleuve. « Il permet de réduire les nuisances industrielles et de faire ainsi cohabiter logements et activités », souligne Jeanne Gerbeaud. La papeterie est non seulement conservée mais aussi valorisée dans ce projet qui rationalise le stockage et donne à voir « le système de production aux habitants », précise-t-elle.
Lieux de vie et lieux de travail sont pensés ensemble au lieu d’être déconnectés. « On propose des logements hybrides, qui peuvent être des maisons/ateliers et des bureaux/logements collectifs », explique Armelle Goyon, soulignant que des propositions précises sur les façons dont pourraient s’organiser les différents acteurs, notamment au niveau juridique, ont aussi été formulées.
Un autre rapport au fleuve
La voie rapide qui longe le site est vouée à disparaître. La vitesse y sera abaissée à 50 km/h et les deux voies les plus proches du fleuve seront dédiées aux piétons et cyclistes. Tout le rapport au fleuve, jusque-là inexistant a été à repenser.
« Bègles s’assume comme une ville qui a plusieurs centralités et on a réflèchi à la façon d’en créer une nouvelle », précise Armelle Goyon. Sur le périmètre, un parc avec terrains de sports et des équipements scolaires ont été envisagés. Et des voies vertes viennent aussi s’insérer sur le site pour réduire le risque d’inondations, assez fort sur ce secteur proche du fleuve.
Ce concours a été l’opportunité pour ces jeunes architectes de s’intéresser à « cette problématique hyperactuelle de la ville productive », confie Armelle Goyon, tout en ayant « un territoire d’étude très ouvert ». C’est aussi une chance d’accéder à la commande publique et de se faire remarquer par des confrères et des maîtres d’ouvrages.
Après cet appel à idées qui a désigné trois lauréats, on ne sait pas dans quelle mesure JAGG pourrait être un des acteurs de la transformation du site qui pourrait commencer en 2020, après la mise en service du pont Simone Veil, et se terminer à l’horizon 2030.