Bordeaux: Résidents et commerçants indignés par le stationnement payant à la Bastide
VIE URBAINE•Le stationnement payant s’étend sur le seul quartier rive droite de Bordeaux La Bastide. Plusieurs pétitions ont été lancées contre cette mesure…Elsa Provenzano
L'essentiel
- Le stationnement payant est étendu progressivement dans le quartier de la Bastide, à Bordeaux.
- Des pétitions ont été lancées notamment pour demander la gratuité pour les résidents.
- La municipalité met en avant une mesure pour lutter contre les « voitures ventouses ».
«J’ai 22 salariés, dont 8 qui vivent en dehors de Bordeaux, et il n’y a pas de solutions pour qu’ils stationnent toute une journée, c’est deux heures maximum et ça crée des problèmes, déplore Nicolas Barbé, gérant du Central Pub. Les gens travaillent, il n’y a pas que le tourisme ! Et c’est bien de vouloir favoriser les transports en commun mais quand ils sortent à 1 h du matin, il n’y a plus de tramway… » Au collège Léonard Lenoir, les enseignants sont aussi en difficulté puisqu’ils ne peuvent légalement pas se garer pour la journée entière. Plusieurs envisagent de demander une mutation.
Les zones concernées par le stationnement payant ont été étendues depuis ce lundi dans le quartier de la Bastide, située sur la rive droite de Bordeaux, en témoignent les horodateurs flambant neufs. A terme, la municipalité envisage que tout Bordeaux intraboulevards soit soumis à la règle du stationnement payant, d’ici fin 2018. Le maire adjoint de quartier Jérôme Siri, assure que c’est une attente d’une majorité de riverains « qui ne parviennent pas à se garer dans leurs rues. « C’est le seul moyen de lutter contre les voitures ventouses car le nombre de places sur la voirie est inférieur au nombre de voitures en circulation à Bordeaux, explique le maire adjoint. On l’a vu après la mise en place du stationnement payant autour de la gare ».
« Comment va faire mon aide ménagère ? »
Les habitants du quartier, pour lesquels il existe un tarif préférentiel de 165 euros par an, n’ont pas tous l’air d’attendre avec impatience de payer pour se garer. Plusieurs pétitions ont été lancées, demandant pour une au moins la gratuité du stationnement sur l’ensemble de la ville, pour les résidents.
« Il n’y a aucune raison pour que les résidents payent une place de stationnement pour se garer près de chez eux, que ce soit ici à la Bastide ou ailleurs, surtout à une régie privée », estime Mary Bonnaud, qui vit dans le quartier depuis 25 ans. Cette demande est bien réaliste, selon cette habitante, puisqu’elle existe dans les villes voisines de Lormont et Cenon. « Comment va faire mon aide ménagère, qui gagne déjà peu, et doit se déplacer en voiture ? » s’inquiète Mary Bonnaud. C’est la société privée Urbis Park qui sera en charge de sanctionner les manquements des automobilistes « ce qui permet à la police municipale de se concentrer sur des problèmes de tranquillité publique », précise Jérôme Siri.
Karen, 37 ans, vit dans une résidence dans le quartier et a la chance d’avoir un garage. « Mais nous devrons payer pour nous déplacer à la crèche », explique-t-elle, regrettant que le tarif ne soit pas plus bas. « 30 euros par mois c’est beaucoup pour moi, assure Nehme, restauratrice dans le quartier. Et on ne sait pas où se garer, il n’y a pas de places ! J’ai même des clients qui annulent pour cette raison quand ils se déplacent avec une poussette ».
« Rééquilibrer l’espace public »
« Il n’est pas question de virer la voiture mais de rééquilibrer l’espace public, essaie Jérôme Siri. Et pour les salariés il y a le covoiturage, qui marche très bien, le tram, le bus, Transgironde et il faut aussi changer ses comportements ». Il assure que la capacité du parc relais de la Buttinière est en train d’être améliorée et que d’autres vont être construits.
« Pour moi cette mesure c’est comme un nouvel impôt », conclut Nicolas Barbé. Un observatoire du stationnement a été mis en place mais ses premières conclusions ne devraient pas être livrées avant fin 2018, date à laquelle tout le quartier devrait être payant.