Bordeaux: Vincent Cadren, dernier hockeyeur des Boxers à mener une double vie
HOCKEY•L’attaquant girondin est le seul de son équipe à travailler à côté de sa carrière de sportif de haut niveau…Clément Carpentier
L'essentiel
- Vincent Caldren continue d’être expert-comptable en parallèle des matchs de Ligue Magnus.
- En fin de contrat avec les Boxers, l’attaquant n’ira pas voir ailleurs s’il ne prolonge pas.
Au retour de Grenoble ce lundi matin, tous les coéquipiers de Vincent Cadren rentrent chez eux pour se reposer après une longue nuit dans le bus. Lui, n’a pas cette chance. En effet, c’est déjà l’heure de rejoindre le bureau pour l'attaquant des Boxers de Bordeaux en Ligue Magnus.
Un choix assumé très tôt dans sa carrière
Pas le temps de souffler. Vincent Cadren, hockeyeur pro, doit enfiler son deuxième costume en l'espace de quelques heures : celui d’expert-comptable. Cette double vie, le Bordelais pure souche, l’a choisi très tôt dans sa vie : « À l’âge de 16-17 ans, j’étais international U16 et on m’a proposé d’aller en sport-étude à Rouen ou Amiens. Mais, j’ai opté pour les études tout court. » Il obtient alors son bac S puis enchaîne sur un DUT Techniques de commercialisation avant d’intégrer une école de commerce, l’Inseec de Bordeaux, avec à la clé un master 2 en poche.
Et tout ça en continuant à jouer avec les Boxers : « À l’époque, c’était moins intense que maintenant. En D1 [deuxième division française], il n’y avait que trois entraînements et un match par semaine. C’était plus facile. Et puis, il fallait trouver un boulot à côté avec nos salaires de hockeyeur », confie celui qui travaille dans un cabinet d’audit financier depuis 2012.
Un travail à mi-temps qui apporte un équilibre de vie
Aujourd’hui, Vincent Cadren exerce à mi-temps toutes les semaines (à plein-temps à l’intersaison). Cela demande toute une organisation : « En Ligue Magnus, on joue souvent trois rencontres par semaine (mardi, vendredi et dimanche), j’essaie de bosser les lendemains de match (lundi, mercredi et jeudi) », explique-t-il. Pour le reste, son emploi du temps assez libre lui permet de « jongler entre les entraînements et le bureau la journée. »
La fatigue se fait parfois sentir pour l’attaquant de 28 ans mais « pas question de la faire ressentir à son équipe. C’est fatigant car je n’arrête jamais mais voilà, on n’a qu’une vie et puis, c’est ma passion. » S'il avoue que « c’est parfois dur pour sa copine, il y a aussi des choses positives. Par exemple, ça apporte un équilibre. Si ça ne va pas au hockey, il y a mon amie et le boulot. L’inverse est aussi vrai »
Les Boxers ou rien !
Cet historique des Boxers de Bordeaux continue de prendre « toujours autant de plaisir sur la glace » malgré un temps de jeu réduit cette saison. Il est « prêt à prendre ce qu’on lui donne » mais, en revanche, il ne fera pas de vieux os. « Si je ne suis pas prolongé à la fin de la saison comme chaque année, j’arrêterai le hockey pour m’investir à fond dans mon travail », prévient-il.
D’une, car il y a « une vie après 30 ans » comme il aime le dire. De deux, le marché du travail « est assez compliqué et il ne faut pas passer à côté de certaines opportunités. » Et de trois, vivre seulement du hockey, ce n’est pas possible pour le numéro 19 bordelais. Mais pour l’instant, Vincent Cadren est bel et bien là. Et ne comptez pas sur lui pour lâcher le morceau malgré cette vie harassante. Son doublé à Grenoble est venu le rappeler à tout le monde : coéquipiers, entraîneurs et fans…