Nouvelle-Aquitaine: Les femmes salariées gagnent en moyenne 20% de moins que les hommes
EGALITE•L’Insee a mené une étude en partenariat avec les services de l’Etat qui s’intéresse aux écarts de salaires entre hommes et femmes dans la région…Elsa Provenzano
L'essentiel
- Les femmes salariées gagnent en moyenne 20 % de moins que les hommes.
- Les écarts sont variables en fonction des départements et des secteurs d’activité.
- Elles sont plus concernées par les temps partiels et davantage représentées dans les secteurs les plus inégalitaires.
Ce n’est pas un scoop, on sait que des inégalités salariales existent entre les hommes et les femmes en France. « La situation en Nouvelle-Aquitaine est un peu plus favorable qu’au niveau national », observe Patrick Hernandez, chef du service études et diffusion de l’Insee Nouvelle Aquitaine, qui vient de publier ce lundi une étude qui approfondit le sujet sur la région, à l’occasion de la semaine de l’égalité professionnelle.
Un diagnostic inquiétant
En partant des salaires nets mensuels dans le privé et dans le public en 2014, l’institut montre qu’il y a un écart de 20 % en moyenne entre les salaires des femmes et des hommes. Les salariées gagnent en moyenne 1.516 euros quand leurs homologues masculins en gagnent 1.896. « Suivant les secteurs d’activité, les écarts vont de 9 à 28 %, note Géraldine Labarthe », chef de projet Insee Nouvelle-Aquitaine. Les secteurs de l’industrie, le service aux particuliers et le commerce sont particulièrement inégalitaires avec des écarts respectifs de 24, 20 et 28 %. Et dans les deux derniers secteurs, dans lesquels deux salariés sur trois sont des femmes, elles sont deux fois moins souvent cadres que les hommes.
La situation de ces salariées ne s’arrange pas au fil de leurs carrières, bien au contraire. Les écarts de salaires passent de 15 à 17 % pour les moins de 35 ans à 23 % pour les plus de 45 ans.
D’un département à l’autre de la région il y a de fortes variations. L’écart de salaire mensuel est très creusé en Pyrénées Atlantiques (24 %) et en Gironde (23 %) départements dans lesquels on trouve des métropoles attractives pour les cadres, des postes très inégalitaires. En Creuse (11 %) ou en Dordogne (16 %), on trouve une forte proportion d'emplois publics, ce qui vient atténuer cet écart. « Les salaires sont aussi moins élevés en moyenne dans ces départements », nuance Patrick Hernandez. Les salaires moyens des femmes dans le public sont plus élevés et les écarts de salaires avec les hommes y sont plus réduits que dans le privé.
Comment s’explique cet écart de salaire ?
L’Insee estime que pour près de la moitié, l’écart de 20 % observé s’explique par une différence sur la durée du travail. Les femmes sont plus nombreuses que les hommes à recourir aux temps partiels, subis ou choisis, et à enchaîner des contrats de courte durée qui ne se suivent pas toujours et les contraignent à des périodes sans activité. Les congés maternité peuvent aussi être à l’origine d’interruption dans les carrières. « Cet aspect de durée du travail génère un écart de 3 à 7 points selon les départements », précise Géraldine Labarthe.
Sur ces 20 %, 4 points s’expliquent par les différences de profil, comme, par exemple, le fait qu’elles sont employées dans des secteurs particulièrement inégalitaires (les services aux particuliers, l’industrie etc.)
Le reste (7 %) est à attribuer aux discriminations, difficilement mesurables et à d’autres facteurs non mesurés comme l’ancienneté, que l’institut n’a pas pu évaluer à partir de sa source, les déclarations annuelles de données sociales.
Selon une publication de mars 2017 de l’Insee Nouvelle Aquitaine, relative aux inégalités hommes/femmes sur le marché du travail, il y a quand même un « petit progrès » sur les dernières années, mais qui reste bien insuffisant.