Grève dans les cantines à Bordeaux: «On veut une alternative, la porcelaine c’est trop lourd»
SOCIAL•Des employés de la restauration scolaire bordelaise ont manifesté ce mardi midi pour protester contre le retrait annoncé de la vaisselle en copolyester, qu’ils plébiscitent comme plus légère et plus confortable à débarrasser…Elsa Provenzano
L'essentiel
- Après l'annonce du retrait du plastique des cantines, les agents municipaux sont en grève.
- Ils sont vivement opposés au retour à la céramique, jugée trop lourde.
«Rendez-nous nos assiettes ! », clament en chœur des agents municipaux qui travaillent dans les cantines bordelaises, venus manifester ce mardi midi, devant l’hôtel de ville.
Sifflets, battements rythmés sur de la vaisselle emportée pour l’occasion, ces employés, en très grande majorité des femmes, ne décolèrent pas après l’annonce du maire de Bordeaux, le 19 septembre, de retirer à partir de janvier 2018 les assiettes en copolyester (plastique), et veulent se faire entendre.
Le plastique a amélioré leurs conditions de travail
Vêtues de leurs blouses de service, elles ont occupé une partie de la place Pey-Berland après avoir débuté un mouvement de grève ce lundi. Ce mardi, les agents étaient en grève dans 90 des 103 écoles de la capitale girondine, davantage que lundi, parce que beaucoup ont voulu participer au rassemblement.
« L’équipement en vaisselle en plastique, c’était un engagement de la mairie de Bordeaux et cela nous a vraiment allégé le travail. Une assiette en céramique (l’équipement précédent) pèse 500 grammes », fait valoir Agnès Penot, responsable de site à l’école Anatole France de Bordeaux. Certaines assurent que leurs tendinites à répétition s’étaient calmées depuis la mise en service du plastique en début d’année.
« La vaisselle plastique est aussi moins sonore, témoigne Aurélie, agent municipal dans une cantine. On racle les assiettes pour retirer les déchets et ça, c’est bruyant. Les enfants sont aussi plus autonomes parce qu’ils peuvent manipuler eux-mêmes plus facilement cette vaisselle. »
Elles ne comprennent pas la décision du maire, alors que les études ne font état d’aucune substance dangereuse dans les assiettes. Pourtant du bisphénol A, présent dans les limites réglementaires de l’Union européenne, a été décelé alors qu’il est interdit en France, qui a des lois plus restrictives en ce domaine.
Les agents font aussi part de leur incrédulité en mettant en avant les barquettes de cuisson qui sont en plastique, et dont le collectif Cantine sans plastique va sans doute faire son prochain cheval de bataille, et aussi l’utilisation d’objets de la vie quotidienne en plastique comme les gobelets ou les biberons pour les petits.
Ils ne veulent plus de céramique
Si elles vont regretter le copolyester dont la légèreté est imbattable, elles ne sont pas butées et prêtes à accepter d’autres solutions « tant qu’il n’y a pas de retour à la porcelaine », pointe Nabila. « On veut une alternative, la porcelaine c’est trop lourd », lâche une de ses collègues. « En maternelle, le service se fait à table, il y a 50 couverts par service et trois services, ce qui fait au minimum 150 petites assiettes et 150 grandes à porter », fait valoir une autre.
« Il n’y aura pas de retour à la vaisselle en céramique, assure Emmanuelle Cuny, adjointe à l’éducation. L’option du verre trempé a été envisagée lors de nos discussions avec les organisations syndicales, menées depuis jeudi ». Une perspective qui réjouit le collectif des parents d’élèves Cantine sans plastique qui avait suggéré cette option. Une piste satisfaisante pour agents et parents pourrait donc avoir été trouvée.