Fin de la production de pétrole en France en 2040: «Le pétrole, dont on aura toujours besoin, il faudra l’importer»
ECONOMIE•La commune de Parentis, en Gironde, héberge le plus gros puits de la société Vermilion, prépondérante en Nouvelle Aquitaine, et appréhende la fin annoncée de cette activité…Elsa Provenzano
L'essentiel
- La société Vermilion met en avant le fait que la production national ne représente qu'1% de ce qui est consommé en France.
- Elle demande que l'échéance d'arrêt de la production soit repoussée à 2050.
- Le maire de Parentis, sur lequel un puit est en activité, estime que sa commune concilie production de pétrole et développement des énergies renouvelables.
Début septembre, le ministre de l’écologie Nicolas Hulot a annoncé la fin de la production d’hydrocarbures en France en 2040, en accord avec les recommandations du groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC). Dans la nuit de mardi à mercredi, l’article phare de ce projet de loi a été validé par les députés.
Il devra être adopté par le Parlement d’ici fin 2017 pour que soit effective l’interdiction de délivrer de nouveaux permis d’exploration d’hydrocarbures, liquides ou gazeux. Et les concessions existantes ne seront pas renouvelées au-delà de 2040. Une dérogation a été accordée et permet la poursuite de l’exploitation du soufre à des conditions strictes. Un point qui va permettre le maintien localement d’une activité de chimie du groupe Arkema.
Le pétrole produit en France dégagerait moins de CO2
« Nous étions préparés pour le volet permis d’exploration d’hydrocarbures, cela a été annoncé dans le programme du président, réagit Jean-Pascal Simard, directeur des relations publiques et affaires gouvernementales Vermilion France, implantée en Gironde, dans les Landes, les Pyrénées Atlantiques, l’Essonne, la Seine et Marne et le Loiret. Mais, nous avons été très surpris de l’annonce de l’arrêt de production de pétrole ». Arrivée en 1997 sur le site de Parentis, en Gironde, la société Vermilion possède aujourd’hui 75 % des actifs qui appartenaient à Total.
« Si on arrête la production du pétrole français, il faudra l’importer or notre pétrole génère des gaz à effets de serre moindres que celui d’exportation », estime Jean-Pascal Simard, rappelant que la production française de pétrole s’établit à 815.000 tonnes par an, soit 1 % de la consommation nationale. Il met en avant que les pompes électriques permettant l’extraction fonctionnent à l'énergie nucléaire. « Je pense que c’est de la posture, abonde Christian Emandorena, maire de Parentis, sur laquelle la société Vermilion a installé son siège social. Le pétrole, dont on aura toujours besoin, il faudra l’importer, ce qui dégagera trois fois plus de CO2 ! »
Vermilion veut aller jusqu’en 2050
L’échéance de 2040 n'est pas bien accueillie. « C’est la date choisie par le gouvernement mais en allant jusqu’en 2050, on pourrait contribuer à la neutralité carbone », se défend-il. L’entreprise met aussi en avant l’inquiétude de ses personnels: 200 employés directs, dont 130 dans le Sud-Ouest, et 400 dans le cadre de sous-traitance, dont 250 dans la région. En espérant que le gouvernement s’oriente davantage vers 2050, la société commence déjà à se tourner vers d’autres pays sur lesquels elle pourrait reporter ses investissements, comme les Pays-Bas et l’Allemagne.
Pour la commune de Parentis, qui a un budget annuel de 11 millions d’euros, la taxe minière versée par la société Vermilion apporte 240.000 euros chaque année. « Pas mal par les temps qui courent », commente le maire qui estime que la mise à l’arrêt de l’activité « peut-être une catastrophe ».
« On est ouverts aux énergies nouvelles »
Dans un courrier qu’il a adressé au Premier ministre et au Sénat, il défend sa commune bec et ongles. « On a montré qu’on pouvait exploiter le pétrole, tout en protégeant l’environnement et en créant de l’emploi, assure-t-il. Cela fait 60 ans qu’on exploite sous le lac et cinq campings y sont installés, dont un avec cinq étoiles, cela n’a jamais découragé le tourisme ! » Il met aussi en avant l’utilisation de l’eau chaude extraite du gisement en même temps que le pétrole, et qui permet de chauffer 10 hectares de serres de tomates proches du puits. « On a aussi un parc photovoltaïque de 35 hectares, lance Christian Emandorena. On est ouverts aux énergies nouvelles. »
« Le gouvernement veut faire un exemple dans le cadre de la COP 21 mais il ne s’imagine pas ce que ça représente pour la commune. Pour nous c’est essentiel ! défend l’élu. Il faut que le ministre de l’écologie accepte de négocier un accord et ne fasse pas passer brutalement cette loi ».