Métropole de Bordeaux: Ces villes éteignent leurs lumières la nuit (et font des économies)
ENVIRONNEMENT•La ville de Mérignac, qui compte plus de 66 000 habitants, va économiser au moins 170 000 euros par an, à partir de la mi-septembre, en éteignant ses candélabres…Elsa Provenzano
L'essentiel
- Plusieurs villes de la métropole éteindront leurs éclairages la nuit, à partir de la rentrée.
- Bordeaux n’est pas exemplaire selon l’ANPCEN, mais se défend en pointant les progrès réalisés en la matière depuis 2008.
Quand il n’y a plus un chat en ville, pourquoi éclairer les rues ? Plusieurs communes de la métropole bordelaise vont éteindre leurs lampadaires et autres éclairages publics à partir de cet automne, dans le sillage de la mairie du Taillan-Médoc qui a déjà pris cette mesure il y a environ deux ans. Une mesure écologique puisqu’elle permet notamment de favoriser le retour de certaines espèces nocturnes, mais aussi un levier pour réaliser des économies sur sa facture d’énergie.
Pas d’augmentation de l’insécurité
Mérignac, deuxième commune de l’agglomération, se lance mi-septembre, et éteint toutes les lumières entre 1 h 30 et 5 h du matin, excepté sur la place Charles-de-Gaulle. Une économie annuelle de 170 000 euros est espérée sur sa facture énergétique.
La commune d’Eysines se lance aussi début septembre après une expérimentation sur un peu plus d’un an et s’attend à 30 000 euros d’économies annuelles, après une extinction des feux entre 1 h et 5 h du matin. « On a échangé avec les services de police et il n’y a pas du tout de recrudescence de vols avec cette mesure, souligne Christine Bost, maire d’Eysines. Et, sur l’accidentologie routière, on voit que l’extinction de l’éclairage public renforce la prudence des automobilistes. »
Le Haillan prendra aussi cette option cet automne « dès que les réparations de chaussées et application de peinture réfléchissante auront été réalisées », précise Andréa Kiss, maire de la commune. L’éclairage sera éteint entre 1 h 15 et 5 heures sur cette commune et pourrait permettre une économie estimée entre 25 000 et 27 000 euros. « Les retours d’expérience montrent que c’est beaucoup plus sain pour le sommeil des gens », assure le maire.
Toutes ces villes calquent leurs horaires d’extinction en fonction de ceux des transports en commun et se réservent des horaires d’éclairage exceptionnels pour les événements festifs du type Noël, 14 juillet, fête de la Saint-Jean, etc. D’autres villes comme Saint-Médard-en-Jalles et Pessac ont aussi mis en place cette mesure.
Bordeaux mauvais élève, selon une association
Bordeaux est loin d’être exemplaire en matière d’extinction de l’éclairage nocturne. Bien sûr, on ne peut comparer la capitale girondine et ses 37 000 points lumineux dont 5 000 concernent des bâtiments patrimoniaux avec des communes de quelques dizaines de milliers d’habitants.
Mais la ville ne respecterait pas l’arrêté du 25 janvier 2013 qui stipule que l’éclairage des façades et vitrines doit s’arrêter au plus tard à 1 h du matin, selon l’Association nationale pour la protection du ciel et de l’environnement (ANPCEN), qui estime que 70 % des sites sont non conformes à Bordeaux quand des villes comme Lille, Nantes, Strasbourg et Toulouse sont en revanche de bons élèves.
Pour tirer ces conclusions, l’association s’est appuyée sur ses représentants locaux qui ont parcouru la ville et pris des clichés après 1 h 30 du matin. Ils ont remarqué que plusieurs bâtiments publics étaient éclairés ou partiellement éclairés après cet horaire et que de nombreuses vitrines de magasin restaient illuminées en plein milieu de la nuit.
La ville s’estime « en parfaite conformité »
La ville s’estime, elle, en « parfaite conformité » avec l’arrêté et souligne même des progrès significatifs depuis 2008, date de la mise en place de son premier plan climat. Une baisse de 35 % de la consommation d’électricité pour l’éclairage public à patrimoine constant a été réalisée depuis le lancement de ce plan et, dans le même temps, la consommation énergétique sur le patrimoine réel (qui a évolué depuis 2008) a diminué de 25 % sur cette période.
Elle reconnaît néanmoins une problématique sur l’éclairage des vitrines des magasins de l’hypercentre, qui ne relève pas directement de sa responsabilité. « On sensibilise l’association des commerçants de la ronde des quartiers sur ce sujet », assure Anne Walryck, conseillère municipale déléguée sur le développement durable.
Une interruption totale de l’éclairage public la nuit est en tout cas inenvisageable. « Bordeaux a une vie touristique, qui se tient en partie la nuit, fait valoir la conseillère. Et notre collecte des déchets a également lieu en nocturne. » Elle met en avant l’équipement en luminaires intelligents dans certains secteurs qui permettent de détecter la présence humaine et de réduire ainsi le temps de mise en lumière globale.
« Nous n’avons pas à rougir, nous avons déjà fait beaucoup d’efforts », conclut-elle.