Bettencourt: Le majordome et les journalistes jugés en appel jusqu'à vendredi, à Bordeaux
JUSTICE•Le procès en appel du majordome et des journalistes poursuivis pour atteinte à l'intimité de la vie privée se poursuit jusqu'à vendredi...E.P. avec AFP
Le procès en appel de l’ex-majordome de Liliane Bettencourt et de cinq journalistes, s’est ouvert ce mercredi à Bordeaux, autour des « écoutes » clandestines réalisées chez l’héritière de L’Oréal, qui ont paradoxalement servi à condamner l’entourage de la vieille dame pour « abus de faiblesse ». Il doit se poursuivre jusqu’à vendredi.
Avant de prendre place sur le banc des prévenus, Edwy Plenel, directeur de publication de Médiapart, a dénoncé « une sorte d’acharnement judiciaire » dans ce procès en appel. « S’il y a eu atteinte à la vie privée, on pourrait s’attendre à ce que la partie civile vienne dire pourquoi. En première instance, elle s’est mise de notre côté. Là, elle n’est même pas là ! », a-t-il insisté en marge de l’audience.
Relaxés en première instance
En première instance, les six prévenus avaient tous été relaxés mais le parquet de Bordeaux a fait appel de cette relaxe générale. Liliane Bettencourt, âgée aujourd’hui de 94 ans et placée sous tutelle, n’a en revanche pas fait appel et n’est donc pas représentée à l’audience.
L’ancien maître d’hôtel de Liliane Bettencourt, Pascal Bonnefoy, 53 ans, avait enregistré à son insu la milliardaire à son domicile entre mai 2009 et mai 2010. Des extraits de ces enregistrements avaient ensuite été retranscrits par Médiapart et Le Point en juin 2010.
Ces retranscriptions révélaient notamment la santé déclinante de Liliane Bettencourt, mais aussi des soupçons de fraude fiscale et d’immixtions politiques. Elles avaient fait basculer un simple conflit de famille en une affaire d’Etat. Une plainte pour « atteinte à l’intimité de la vie privée » avait alors été déposée.
Outre Pascal Bonnefoy et Edwy Plenel, sont également poursuivis pour Mediapart, Fabrice Arfi et Fabrice Lhomme, et pour Le Point le journaliste Hervé Gattegno et son directeur de publication de l’époque, Franz-Olivier Giesbert, absent au procès mercredi matin.
« Je trouve la justice bien ingrate »
En première instance, le tuteur de Liliane Bettencourt, Olivier Pelat, avait fait l’éloge de Pascal Bonnefoy, « un homme bien qui a fait ce qu’il fallait faire » pour protéger sa patronne. La partie civile avait souligné le « paradoxe » d’un tel procès, « les parties civiles ayant été bénéficiaires » de ce qui avait été relayé par la presse.
« Je trouve la justice bien ingrate », a relevé mercredi Me Antoine Gillot, avocat de l’ex-majordome, soulignant une nouvelle fois comment les enregistrements avaient servi à la justice pour faire condamner pour « abus de faiblesse » des membres de l’entourage de la vieille dame, dont le photographe François-Marie Banier. Ce dernier a été condamné en appel en août 2016 à quatre ans de prison avec sursis et 375.000 euros d’amende.