CHAMPIONNATS DU MONDESuisses, Afghans...Comment font-ils pour surfer dans des pays sans mer?

VIDEO. Mondiaux de surf: Suisses, Afghans...Comment font-ils pour surfer dans des pays sans mer?

CHAMPIONNATS DU MONDEOn a été leur poser la question à Biarritz, où se tiennent les Mondiaux...
La délégation suisse, en train de soutenir l'un des leurs
La délégation suisse, en train de soutenir l'un des leurs - Laetitia Dive
Laetitia Dive

Laetitia Dive

L'essentiel

  • Sur les 47 nations représentées, plusieurs n’ont pas d’accès à l’océan
  • Les ressortissants de ces pays voyagent beaucoup pour pratiquer leur passion

De notre envoyée spéciale à Biarritz

Alors que certaines délégations crient ou applaudissent pour soutenir leurs champions quand ils se hissent sur leurs planches, les Suisses agitent une énorme cloche qui rappelle celles qu’on accroche au cou des vaches qui pâturent dans la montagne.

Dans le pays de Roger Federer, on voit en effet plus de vert que de bleu et pour cause : aucune mer ne le borde. Pourtant, à Biarritz, six surfeurs suisses ont fait le déplacement pour les Mondiaux. Parmi eux Alena Ehrenbold. Tout de suite, elle rit de la question : « On me demande très souvent comment je fais pour surfer en Suisse ! »

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La part du hasard

Pour elle, c'est venu assez tard : « J’ai commencé à 21 ans, j’en ai 34 aujourd’hui. J’avais un ancien copain surfeur et il m’avait expliqué qu’il y passait tout son temps libre. Il m’a dit : “Soit tu surfes aussi, soit tu prends des photos”. J’ai donc essayé et j’ai vraiment kiffé. » Tellement qu’il y a deux ans, Alena abandonnait son travail de professeur d’économie et de droit dans un lycée de Lucerne pour se consacrer à cette passion. Désormais, elle vit du surf et présentera bientôt son film Blue Road, réalisé dans différents spots internationaux.

C’est également le hasard qui a amené Afridun Amu, un Afghan de 29 ans, à monter sur une planche : « J’ai commencé il y a dix ans, à Mimizan. Après avoir terminé le lycée en Allemagne où je suis réfugié politique, j’étais parti avec des amis en France, jusqu’à la côte. Là on m’a donné une planche et j’ai adoré. »

Depuis, il surfe un peu partout dans le monde lorsqu’il n’est pas pris par son travail de chercheur en Droit. « L’endroit que je préfère c’est l’Indonésie, je suis habitué aux vagues de là-bas. » Alena, elle, préfère la France.

L’alternative rivière

Et lorsqu’ils sont loin de l’océan ? Tous deux évoquent un pendant de la discipline qui se développe : le surf de rivière. « Sur certaines rivières suisses, on peut trouver des vagues provoquées par différentes choses. Une écluse par exemple. »

Le surfeur afghan Afridun Amu veut faire changer la vision du monde sur son pays.
Le surfeur afghan Afridun Amu veut faire changer la vision du monde sur son pays.  - Laetitia Dive

En Afghanistan, cette pratique n’existe pas encore, mais Afridun rêve de la développer : « On nous appelle la Suisse de l’Asie parce qu’il y a aussi plein de montagnes chez nous, avec des fleuves qui y coulent […]. Je n’en ai jamais fait là-bas mais j’ai déjà essayé en Allemagne ou en Autriche. Et j’ai repéré plusieurs rivières afghanes où on pourrait développer le surf, c’est mon objectif. »

Le seul Afghan de la compétition

Aux Mondiaux, le jeune homme est le seul ressortissant afghan et il explique que pouvoir y participer était déjà un « grand rêve » : « Je suis bon par rapport aux standards afghans, mais par rapport aux autres pays, je n’ai pas le niveau. » Alors, sur la plage, toutes les délégations l’encouragent : « Je ne connaissais personne en arrivant. Maintenant, j’ai l’impression de tous les connaître. Ce qui est triste c’est que moi, je ne peux pas aller sur la plage supporter une équipe… Parce que je suis ami avec toutes les autres aussi ! »

Pour Afridun, l’objectif n’était pas tant la compétition que l’idée de représenter son pays dans une compétition internationale : « Pour les prochains championnats, j’espère que nous serons plusieurs, explique celui qui fait partie de la WRAA, l’association de surf afghane. Je voudrais ouvrir la voie aux futurs surfeurs afghans. Notre pays est toujours associé aux mêmes histoires de guerre et malheureusement, c’est une réalité. Mais là-bas, les gens ont des passions et des rêves comme tout le monde, et ils ressentent la même joie lorsqu’ils font ce qu’ils aiment. »