ECONOMIELe Matmut-Atlantique n'est pas rentable, son exploitant veut renégocier

Bordeaux: L'exploitant du Matmut-Atlantique, déficitaire, voudrait revoir le partenariat avec la ville

ECONOMIELe déficit de l’exploitant s’élève à deux millions d’euros selon la mairie…
Geoffrey Clémençon

Geoffrey Clémençon

L'essentiel

  • SBA, la société exploitant le Matmut-Atlantique est déficitaire depuis deux ans
  • La mairie refuse de renégocier le contrat

«Si vous voulez qu’on aille vite, c’est niet ! » Goguenard, Nicolas Florian adjoint en charge des finances a émis une fin de non-recevoir à la demande de Bernard Hagelsteen. Le président de Stade Bordeaux Atlantique (SBA), la société exploitant le Matmut-Atlantique, avait demandé de revoir les conditions du partenariat public-privé signé en octobre 2011 entre les groupes de BTP Vinci et Fayat, et l’État, la mairie, les collectivités (à l’exception du département de la Gironde) et les Girondins.

SBA est déficitaire pour les deux premières années en charge du stade mais cela n’inquiète pas Nicolas Florian : « Les premières années sont toujours compliquées. Le contrat est sur 30 ans, l’équilibre économique se voit sur la durée. Pour nous, passer par un exploitant privé, c’est se prémunir de ce genre d’aléa économique. »

L’exploitant pourrait abandonner le stade

Un optimisme pas partagé par Matthieu Rouveyre, élu à l’opposition : « Vinci et Fayat, qui épongent les dettes de SBA, n’entendent pas continuer à engranger les pertes sur la durée du contrat jusqu’en 2045. La menace que pourraient brandir ces derniers est tout simplement de laisser mourir SBA qui, elle seule, est le contractant de la ville. De cette manière, les deux sociétés fondatrices de SBA arrêteraient de perdre de l’argent. »

Une situation inenvisageable pour l’élu aux finances : « Je n’imagine pas que des grandes maisons comme Vinci et Fayat qui ont construit un si grand stade s’avouent vaincues. Cela serait catastrophique en termes d’image pour elles. » Contacté, SBA refuse de s’exprimer.

Parmi les explications avancées par Nicolas Florian pour justifier ce déficit, le « manque de grandes manifestations la première année d’exploitation » mais surtout le naming du stade. « SBA subit encore le fait d’avoir cédé et vendu à moindre prix le nom du stade. On n’a pas fait comme Lille et racheter le naming pour donner le nom d’une personnalité. » Dans le Nord justement, le stade Pierre-Mauroy et sa société gestionnaire Eiffage avait réclamé 80 millions d’euros à la métropole de Lille dans le cadre du partenariat public-privé.

Détendu, l’adjoint au maire s’estime « satisfait de l’organisation » du stade et « des événements ou des concerts » qui y sont organisés. Il rappelle aussi que Bordeaux a tout intérêt à ce qu’il y est de plus en plus de manifestations sportives ou autres au Matmut-Atlantique. Une redevance variable selon le surplus d’activités lui est alors reversée. En clair, plus d’événements il y a, plus la municipalité engrange de l’argent. Concrètement, la seule solution pour SBA si elle souhaite quitter le projet est de se désengager et de déposer le bilan.