Equitation: La meilleure entraîneure de chevaux au monde est en Gironde
CHEVAUX•Elle a été couronnée d'un prix international à Los Angeles début avril...Laetitia Dive
L'essentiel
- Elisabeth Bernard est l'entraîneure qui a gagné le plus de courses avec des pur sang arabes en 2016
- Elle a repris l'activité de son défunt mari à La Teste de Buch
Le 3 avril dernier, à Hollywood en Californie, Elisabeth Bernard recevait un Darley Award, récompense qui faisait d’elle la meilleure entraîneure au monde de pur-sang arabe, une race de compétition. A 62 ans, elle continue de s’occuper de cinquante chevaux dans son écurie à La Teste de Buch.
Que représente ce titre ?
Cette cérémonie est à l’initiative de la femme de l’ancien président des Émirats arabes unis qui a voulu promouvoir dans le monde entier les femmes dans monde équestre. Il y a un prix pour les femmes entraîneures mais aussi jockeys, éleveuses… Au total, les cinquante et quelques nations où il y a des courses sont représentées.
Quels sont les critères pour le recevoir ?
C’est aux résultats. Cela signifie que je suis la femme entraîneure qui a gagné le plus grand nombre de courses en 2016 à l’international : en Belgique, en Italie, au Maroc, en Grande-Bretagne… Vingt-trois au total. Et en France, à l’exception d’une seule, j’ai remporté les plus importantes : Prix de Diane à Chantilly, prix de l’Arc de Triomphe…
Cela fait très longtemps que vous travaillez dans l’équitation ?
J’ai collaboré avec mon mari pendant trente-et-un ans. J’étais cavalière et lui entraîneur. Il est décédé brutalement en 2015. Je n’avais qu’une solution : devenir entraîneure à mon tour. Il m’avait fait promettre de continuer parce que l’écurie et les courses, c’était notre passion commune. Mais même sans ça je l’aurais fait. C’était le seul moyen que j’ai trouvé pour surmonter sa disparition. J’ai donc dû passer une licence pour devenir entraîneure : à 61 ans, je suis retournée à l’école !
Les choses ont changé depuis que vous travaillez seule ?
Les propriétaires qui travaillent avec nous avaient choisi mon mari pour entraîner leurs chevaux, pas moi. Il a fallu que je conserve leur confiance mais de façon générale, ils ont été très décents à mon égard et les trois quarts sont restés. J’ai cinquante chevaux aujourd’hui, et dix-neuf employés. Mais cela s’est un peu réduit : lorsque mon mari était encore en vie, vingt-six personnes travaillaient ici, et nous avions quatre-vingts chevaux à l’entraînement.
Aux JO, l’équitation est le seul sport mixte. Globalement, c’est un univers qui se féminise ?
En France, énormément. Désormais, dans les écoles d’apprentis, 80 % des élèves sont des jeunes filles. C’est un métier qui demande beaucoup de sacrifices : travail sept jours sur sept, même pendant les vacances. De ce que j’ai vu, les filles sont prêtes à faire plus d’efforts dans ce milieu, elles sont souvent plus passionnées.
Vous comptez poursuivre jusqu’à quel âge ?
Jusqu’à la fin de ma vie ! J’ai 62 ans et je monte encore deux ou trois chevaux tous les matins. Mais quand je ne pourrai plus, je continuerai ce métier à pied. Une fois qu’on est un peu âgée, on peut continuer à nourrir, à engager dans les courses, à maintenir les relations avec les propriétaires… Il y a des entraîneurs qui continuent jusqu’à 80 ans. Moi, j’entraînerai avec le même plaisir jusqu’au bout.