Bordeaux: Un appel aux dons pour sauver le pont de Pierre
PATRIMOINE•Le maire de Bordeaux et président de Bordeaux Métropole a présenté vendredi l'opération de mécénat lancée pour financer les travaux de restauration du pont. Une initiative inédite pour la métropole...Mickaël Bosredon
Il faut sauver le pont de Pierre. Et cela passera par du mécénat. Alain Juppé a présenté ce vendredi sur le navire Le Sicambre de Bordeaux River Cruise, l’opération Tous sur le pont, qui vise à récolter auprès des entreprises et des particuliers un peu plus d’un million d’euros, sur les 12 millions d’euros nécessaires à la rénovation de ce site majeur à Bordeaux. Explications.
Comment ça marche ? Tout le monde peut donner, et il n’y a ni plancher ni plafond. Les dons peuvent se faire sur le site www.fondation-patrimoine.org/47826 ou par courrier à la Fondation du patrimoine Aquitaine, 7, rue Fénelon à Bordeaux. Une opération de promotion va également être lancée auprès des Bordelais ces prochains jours. Les dons des particuliers sont défiscalisés à hauteur de 66 %.
A ce jour, deux conventions de partenariat avec Bordeaux Métropole ont été signées, l’une par le promoteur Altarea-Cogedim qui va apporter « quelques dizaines de milliers d’euros », l’autre par la librairie Mollat qui va produire une vidéo sur la mémoire du pont de Pierre. La Toque cuivrée et Bordeaux River Cruise aporteront aussi une contribution. « Le mécénat peut se traduire par des dons en nature ou des apports de compétence, précise Alain Juppé. C’est globalement une façon d’impliquer la société civile dans les projets publics. »
Pourquoi le pont de Pierre ? A cause de « tout ce qu’il représente dans le paysage, l’histoire et l’architecture bordelaise », explique Alain Juppé. « Notre ville s’est développée durant 2.000 ans sur la rive gauche, et sur l’initiative de Napoléon 1er, ce pont a été livré en 1823-24. Maintenant, c’est devenu un élément essentiel de notre ville. » Mais un élément fragile.
Reposant sur des pieux, le pont doit être consolidé par la métropole, lors de travaux qui démarreront à la fin du mois de mai, et qui devraient se terminer début 2019. « C’est un monument emblématique de Bordeaux, souligne pour sa part Francis Arnaud, de la Fondation du Patrimoine. C’est un pont qui a eu du mal à être construit, qui a failli être détruit deux fois, ce serait choquant qu’il s’effondre, surtout à la veille de son bicentenaire. » C'est la première fois que la métropole fait appel au mécénat pour la rénovation de l'un de ses édifices.
Le pont sera-t-il fermé à la circulation automobile ? C’est la question qui agace - gentiment - Alain Juppé. « Je n’ai jamais dit que nous allions fermer définitivement le pont à la circulation, mais que nous allions mener une expérimentation de deux mois. » Pendant deux mois cet été, la circulation automobile sera donc interdite sur l’ouvrage. « Mais nous pourrons arrêter cette expérimentation du jour au lendemain si elle ne s’avère pas concluante », insiste le maire de Bordeaux.
Cela dit, « je ne pense pas que ce sera le cas, poursuit Alain Juppé, car nous avons mené des études et ce qui est envisagé c’est un report de 50 % des automobilistes qui empruntent le pont, vers d’autres moyens de transport. Pour le reste, l’impact devrait être limité sur le pont Chaban-Delmas, et plus important sur le pont Saint-Jean. Nous nous attendons aussi à un renforcement du trafic sur les quais de la rive gauche. »
« La circulation des vélos et des piétons sur le pont de Pierre a explosé, rappelle Alain Juppé pour justifier cette expérimentation. L’idée de réserver ce pont aux circulations apaisées - piétons, vélos - est une idée que j’ai depuis longtemps. La voiture a toujours sa place dans nos espaces publics et dans nos villes, mais tout ce qui a été fait depuis 20 ans pour reconquérir des espaces est salué par les Bordelais. »
Où en est-on du futur pont Jean-Jacques Bosc ? Le projet se poursuit mais il y a quelques retards administratifs. Les travaux commenceront en 2018-2019 pour une livraison prévue entre 2020 et 2021.