Elsa Provenzano
Allez-vous incarner Muna, chef d’un village Bantou au Cameroun ou Bilikiss, qui a créé une entreprise de gestion des déchets écologique et solidaire au Nigéria, ou encore Manolo, un enfant qui vit dans le quartier de Meddelin en Colombie ? Chaque visiteur de l’exposition de l’agence française pour le développement (AFD) « Nés quelque part » accueillie à Cap Sciences à partir de ce mercredi et visible jusqu’au 30 avril, est invité à se glisser dans la peau d’un des 21 personnages. Pendant environ 1 h 10, il est confronté aux enjeux liés à l’environnement quotidien de son personnage, via la médiation théâtralisée de plusieurs comédiens.
Pour Muna, le chef de village Camerounais, il s’agit de négocier avec Victor, un entrepreneur forestier pour s’assurer de la gestion durable de la forêt (la plus grande après l’Amazonie, apprend-on au passage) et du respect de certaines essences locales. Les comédiens qui accompagnent les visiteurs par petits groupes délivrent des informations précises sur les sept écosystèmes mis en lumière dans l’exposition tout en impliquant les participants dans un jeu de rôle.
« Les visiteurs rentrent assez vite dans l’action, assure Jean-Bernard Ekam-Dick, comédien de 44 ans. Il y a une trame imposée mais nous avons aussi un espace de jeu, on fait un peu d’improvisation et c’est à chaque fois différent ».
« Des histoires vraies inscrites dans des scénarios fictionnels »
« Cette forme de médiation théâtralisée c’est une première et on l’expérimente avec l’AFD », se réjouit Raphaël Dupin, directeur de Cap Sciences. « Quelque 110 experts de l’AFD ont été interviewés par les scénaristes de l’exposition, explique Emmanuel Dollfus, directeur adjoint de la communication de l’AFD. Ce sont des histoires vraies inscrites dans des scénarios fictionnels. Bilikiss, cette diplômée du MIT qui a créé une entreprise de valorisation des déchets au Nigeria existe vraiment, par exemple ». Les différents pays dans lesquels est immergé le visiteur ont été choisis parce que l’Agence Française de Développement y travaille et qu’ils permettent de mettre en lumière des problématiques différentes (liées à l’agriculture, la santé, la montée des eaux, la biodiversité, la déforestation etc.)
Pour Raphaël Dupin, l’accueil de cette exposition correspond en tout point aux missions de diffusion de la culture scientifique de Cap Sciences. « La communication scientifique valorise celui qui émet tandis que la culture scientifique transforme ceux qui la reçoivent », souligne-t-il. Le message de l’exposition, au-delà de la sensibilisation est d’inciter à agir. « Il faut que le visiteur se dise : moi aussi à mon échelle je peux faire quelque chose, pointe Emmanuel Dollfus. Notre site et les ONG avec lesquelles nous travaillons peuvent être une piste pour qu’ils s’engagent ».
Cap Sciences s’attend à accueillir 200 à 300 personnes par jour. Les visiteurs doivent réserver leurs places avant de se rendre sur le site.