ECONOMIEBordeaux: La vente spéciale d'un vin AOC à moins d'1 euro fait réagir

Bordeaux: La vente spéciale d’un vin AOC à moins d’1 euro fait réagir

ECONOMIELe magazine spécialisé Rayons Boissons a repéré la vente d’un Bordeaux Supérieur à seulement 0,96 € dans les rayons de Carrefour, le 4 mars. Un tarif relativisé par la maison de négoce mais qui fait grincer des dents l’interprofession…
Elsa Provenzano

Elsa Provenzano

Pour seulement 0,96 €, après remise sur la carte de fidélité, les clients des hypermarchés Carrefour ont pu s’offrir une bouteille Comte de Talem de la maison Bertrand Ravache, un Bordeaux Supérieur 2015, révèle ce lundi le site spécialisé Rayons Boissons. Une première selon les observateurs qui n’ont pas manqué de s’émouvoir de ce tarif.

« Ce type d’opérations, qui reste très rare, va à contresens de tout le travail qu’on effectue », déplore Stéphanie Cinoquet, responsable marketing du conseil interprofessionnel des vins de Bordeaux (CIVB) pour la France. Si le groupe Carrefour peut afficher un tel tarif c’est qu’il pratique comme beaucoup d’autres enseignes de la grande distribution le principe du cagnottage. Il s'agit d'une technique de fidélisation légale par laquelle les distributeurs proposent pour l’achat de certains produits « des réductions » dont le montant est reporté sur une cagnotte accessible grâce à une carte de fidélité ou une carte de paiement.

Un abus de langage ?

La Maison Bertrand Ravache, qui compte parmi ses propriétés partenaires le Comte de Talem, estime que cette petite polémique part d’un abus de langage. « Le Comte de Talem est vendu à un prix de vente consommateur de 4,80€, prix raisonnable pour un vin d’appellation Bordeaux, explique-t-elle dans un communiqué. Elle rappelle également que ce prix a bien été appliqué et que les consommateurs ont pu récupérer la remise de 80 % en bon d’achat sur leur carte fidélité uniquement lors de leurs achats de la journée du 4 Mars. »

« Il faut générer du trafic donc ce sont souvent les leaders qui sont touchés par ces opérations très agressives », estime Stéphanie Cinoquet. Le plus grave selon elle c’est que les consommateurs finissent pas être déboussolés. « Aujourd’hui pour un vin AOC il y a plusieurs années de travail dans la vigne et un an dans le chai, il est impossible de le vendre à ce prix-là, explique-t-elle. Et, pour les vins d’appellations, on produit 50 hectolitres par hectare quand on en produit 120 hectolitres pour un vin de pays. »

« Le positionnement de nos vins sur le marché est un enjeu collectif dont le but est de défendre une certaine image qualitative, estime Jacques-Olivier Pesme, directeur Wine & spirits academy à l’école de commerce Kedge et administrateur de l’institut de la Vigne et du Vin. C’était l’un des points clés du plan 'Bordeaux Demain' lancé en 2010 pour redynamiser la filière bordelaise. A moins d’1 euro la bouteille, quand bien même s’agissant d’un prix après réduction, cela est difficile à justifier ».