Côte Atlantique: «85% des dauphins échoués portent des marques de capture accidentelle»
BIODIVERSITE•L’observatoire Pélagis, basé à La Rochelle, analyse les échouages de mammifères marins. Il a noté un pic d’activité en février…Mickaël Bosredon
Le mois de février a connu un pic du nombre d’échouages de dauphins sur les côtes atlantiques. Le centre Pélagis, basé à La Rochelle, est le centre de référence en France concernant l’analyse des échouages de mammifères marins, et l’observation de la faune aquatique. 20 Minutes revient sur les raisons de ces échouages.
Qu’est-ce que le centre Pélagis ?
Cet observatoire est une unité mixte composée de services du CNRS et de l’université de la Rochelle, créé en 2011. Mais son histoire remonte au début des années 1970, lorsque le directeur du muséum de La Rochelle a commencé à mettre en place un réseau de correspondants pour les échouages, d’abord sur la façade atlantique, puis sur l’ensemble des côtes, à une époque où les mammifères marins dans les eaux françaises étaient très peu étudiés. « Aujourd’hui, nous nous appuyons sur 400 correspondants, qui ont tous été formés », indique Vincent Ridoux, directeur de l’observatoire et professeur à l’université de La Rochelle.
Quels sont les animaux échoués ?
Sur la façade atlantique, essentiellement des dauphins communs, des grands dauphins, des marsouins. En tout, une dizaine d’espèces a été établie que l’on retrouve régulièrement, même si leur nombre peut fluctuer au fil du temps. « Mais plus on observe, plus on trouve d’espèces », remarque Vincent Ridoux. « Ainsi, on a pu voir il y a quelques années, pour la première fois dans le golfe de Gascogne, un dauphin tacheté pantropical, qui est pourtant une espèce tropicale. Au large de la Belgique, on a observé un narval, une espèce polaire. »
Où ces mammifères s’échouent-ils ?
Sur le millier d’échouages annuels observés en France, 65 % à 70 % se font sur la façade atlantique, dont la moitié sur les côtes de la Nouvelle-Aquitaine. « Les Landes et la Gironde sont les premiers en nombre d’échouage » note Vincent Ridoux. Ceci s’explique par le fait que le golfe de Gascogne concentre beaucoup d’animaux, et par le régime des vents, qui pousse ces animaux vers les côtes.
Y a-t-il de plus en plus d’échouages ?
« D’une manière générale il y en a de plus en plus » observe Vincent Ridoux, du fait « d’une augmentation globale des effectifs de grands dauphins et de dauphins communs, et de causes de mortalité nouvelles en liaison avec le développement de la pêche au chalut pélagique. » Les dauphins sont en effet attrapés accidentellement par le biais de ce système de pêche.
Cette année, « on a connu en février un pic aigu d’échouages de dauphins communs, avec 190 en moins de dix jours, du fait de la succession de plusieurs tempêtes. 85 % de ces animaux portaient des marques de capture accidentelle. » Par reconstruction d’analyses des conditions de dérive, et uniquement sur la base d’animaux portant ces marques, le centre Pélagis estime que c’est probablement « 7.000 à 8.000 animaux qui meurent chaque année en mer par capture accidentelle. »
Quelles sont les autres missions du centre Pélagis ?
Depuis le début des années 2000, « nous avons mis en place des programmes d’observation en mer, complémentaires du suivi des échouages, qui nous permettent depuis des navires océanographiques d’évaluer les stocks de poissons dans l’Atlantique, et d’étudier la distribution des oiseaux et mammifères marins, sur l’ensemble du Golfe de Gascogne. »
Autre action, « depuis 2007 nous sommes missionnés pour établir une cartographie de la répartition des animaux [cétacés, oiseaux de mer, tortues marines] et des requins dans la métropole, les Antilles, Mayotte et la Nouvelle-Calédonie. Depuis des avions, nos observateurs cartographient la liaison entre ces animaux et les conditions océanographiques. »
L’ensemble de ces mesures peut déboucher sur la décision de créations d’aires marines protégées ou de nouvelles règles concernant l’activité humaine en mer.