Des chambres à air de vélos transformées en sacs et accessoires dans un atelier Girondin
ECONOMIE CIRCULAIRE•La boutique « W.a.n » (wagon à nanomètre) propose des produits fabriqués en France et a même lancé sa propre marque de maroquinerie à base de chambres à air de vélos récupérées...Elsa Provenzano
Ancien cadre dirigeant dans la grande distribution, Charles Burke a effectué un virage professionnel à 180 degrés. Il a voulu promouvoir une consommation différente et travailler davantage à la « valorisation de l’être humain et de la planète » et tient aujourd’hui une boutique proposant grâce à 150 fournisseurs des centaines de produits « made in France », dans l’hypercentre Bordelais. Parmi eux, une gamme de sacs et accessoires de la marque qu’il a créée en famille, baptisée FANTOME pour la seconde vie qu’elle donne aux chambres à airs de vélos, récupérées auprès de Décathlon Sud-Ouest.
Charles Burke sera avec d’autres entrepreneurs à la maison écocitoyenne ce jeudi 2 mars de 18 h à 20 h pour parler des innovations alternatives à l’industrie textile.
Une histoire de famille
En 2012, Charles Burke a repris le concept lancé par une Allemande dont il commercialisait les produits et qui souhaitait arrêter son activité. Elle faisait fabriquer en Bulgarie des sacs et accessoires à partir de chambres à air usagées et lui décide d’aller plus loin en fabriquant entièrement la maroquinerie en Gironde.
La marque FANTOME naît en 2014 grâce à une synergie familiale : le fils se charge de la communication visuelle, la fille, styliste, s’occupe de créer les modèles, la mère dirige l’atelier couture à Portets, en Gironde et Charles Burke met en place un réseau de récupération de chambres à air. Il noue un partenariat avec Décathlon Sud-Ouest, qui dispose de 40 magasins sur le territoire. « Tous les mois, je vais récupérer à Pessac des chambres à air de toutes formes, de toutes tailles et dans tous les états, raconte-t-il. J’en collecte 7.000 par an ». Celles qui ne sont pas valorisées par ses soins finissent incinérées.
Une matière difficile à travailler
Les chambres à air sont plus difficiles à dompter que du cuir ou du tissu. « Il faut d’abord les ouvrir et on a dû créer une machine pour cela, explique le patron de W.a.n. Il faut aussi assembler beaucoup de pièces différentes et le tout sans colle ». Les sacs et accessoires créés sont très robustes et « de ceux qu’on peut transmettre à ses enfants », assure Charles Burke. Une vingtaine de modèles sont proposés ainsi que des sacs en osier (français) confectionnés avec l’aide d’une vannière.
Aujourd’hui une vingtaine de revendeurs proposent les produits de FANTOME et bientôt ils seront disponibles en Belgique et en Italie. « Même si on a eu des opportunités pour se développer en Asie, on ne le souhaite pas. On ne veut pas devenir Google, s’amuse-t-il. Je veux faire ce qui me plaît, m’amuser avec mes enfants, être fier de ce que l’on fait et pouvoir en vivre ».
La boutique, sorte de caverne d’Ali baba, regorge de produits qui ont en commun d’être fabriqués en France, dans le respect de l’environnement.
On y découvre des chaussons du Tarn, des bougies à la cire de soja (sans paraffine et donc sans pétrole), des produits issus de la « slow cosmétique » (des savons saponifiés à froid qui conserve toutes leurs propriétés, du shampoing solide etc.) mais aussi du chocolat français, de la bière de Bordeaux, des livres imprimés en France etc. Pour mériter la confiance de ses clients, Charles Burke n’hésite pas à se déplacer pour visiter les usines de ses fournisseurs et s’assurer ainsi de la réalité de leur implantation en France et de leurs modes de fabrication.