VENDÉE GLOBEArnaud Boissières: «C'était le Vendée Globe de la ténacité»

Arnaud Boissières: «C'était le Vendée Globe de la ténacité»

VENDÉE GLOBEA peine arrivé, le skipper girondin parle déjà de la transat Jacques Vabre (départ le 5 novembre), évoque ses dialogues avec son bateau et le petit incident entre Jean Le Cam et Fabrice Amedeo...
Laetitia Dive

Laetitia Dive

C’était vendredi dernier. 102 jours, 20 heures, 24 minutes et 9 secondes après le départ, Arnaud Boissières franchissait la ligne d’arrivée du Vendée Globe, accueilli en fanfare par une large foule… aussi nombreuse, selon lui, que lors de l’arrivée d’Armel Le Cléac’h, grand vainqueur de la course (74 jours). Tous deux sont d’ailleurs les seuls skippers à avoir bouclé trois Vendée Globe d’affilée.

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Comment s’est passée l’arrivée ?

Sous le soleil. La population locale était venue m’accueillir mais j’avais aussi mes copains d’Arcachon et mes partenaires. C’était une belle récompense ! J’ai aussi retrouvé mon fils de quatre mois qui a énormément changé. Ma femme m’envoyait des photos mais ça n’est pas pareil que de le tenir dans mes bras.

Que devient votre bateau ?

Mon équipe est en train de le démonter. On va le mettre dans mon atelier pour le contrôle technique, en attendant les rendez-vous avec mes partenaires. […] L’objectif c’est de faire la Jacques Vabre en fin d’année avec lui.

Vous avez dit avoir beaucoup échangé avec lui en mer…

C’est vrai, je lui parlais. Je lui disais « je vais te changer de garde-robe » quand je changeais la voile, je lui mettais de la musique… Quand je doutais, le bateau me rassurait. Inversement, quand je cassais des choses, je le réparais pour lui dire « on repart ».

Vous avez souvent douté ?

C’était le Vendée Globe de la ténacité, j’ai eu plein de petits soucis, j’ai douté mais n’ai jamais pensé à l’abandon. Je me suis demandé comment j’allais finir par contre ! Le plus dur ça a été deux jours avant le Cap Horn, je me suis retrouvé dans une dépression, il faisait froid et Fabrice Amedeo m’a doublé. J’étais dans un état de stress assez important mais j’ai tenu.

Fabrice Amedeo a d’ailleurs été un compagnon pendant cette course…

Oui, de concurrent à terre on devient compagnon d’aventure en mer. On s’écrit, certains répondent, d’autres non. Avec Fabrice, on a quasiment les mêmes bateaux, il m’a tout de suite dit combien son bateau pesait alors que c’est d’habitude plutôt secret comme information. A partir de là on a beaucoup discuté. Il est journaliste au Figaro donc a priori on n’est pas faits du tout pour s’entendre ! On a été manger ensemble deux jours après son arrivée avec nos femmes respectives.

Vous étiez présents à son arrivée, c’est important d’être là pour les suivants ?

C’est bien qu’un coureur aille accueillir le mec qui arrive derrière lui car à un moment ou un autre on est en contact. J’ai été accueillir Fabrice mais aussi Alan Roura (12e) et Rich Wilson (13e). C’est important pour moi personnellement car je suis très admiratif de Rich, il a 66 ans et c’est le « gentleman » de la course ! »

Fabrice Amedeo s’est dit déçu des propos de Jean Le Cam (6e) qui raillait les retardataires du Vendée Globe. Qu’en pensez-vous ?

Jean Le Cam est victime de son tempérament ! Il peut avoir raison dans une course telle que le Figaro mais dans le Vendée Globe, l’écart entre les skippers est inévitable. Il s’est un peu égaré mais je pense qu’il s’en mord les doigts. La manière dont il parle, ça a fait rire il y a quelques années mais un peu moins aujourd’hui avec la nouvelle génération. Je pense qu’il était un peu frustré de sa course car, au final, il est le dernier des « kings ». Après, des Jean Le Cam, il n’y en a pas beaucoup sur l’eau, il est vraiment impressionnant.

Que souhaitez-vous dire à ceux qui sont encore en mer ?

Que ce sont aussi eux qui font vivre la course. Quand Sébastien Destremau (le dernier) va arriver, je suis persuadé qu’il aura un accueil monstrueux. Il aura autant de choses à raconter que nous, voire plus puisqu’il aura passé plus de temps en mer avec plus de galères. Il ne faut pas lâcher.