ENVIRONNEMENTNouvelle-Aquitaine: Plus de 200 scientifiques au chevet de la biodiversité

Nouvelle-Aquitaine: Un GIEC lancé pour lutter contre l'érosion de la biodiversité

ENVIRONNEMENTUn GIEC biodiversité a été lancé par la région pour fournir des données quantitatives précises sur la Nouvelle-Aquitaine, afin que l'institution régionale puisse aller plus loin dans ses politiques publiques...
Le GIEC Biodiversité veut fournir des données quantitatives utiles à la préservation des espèces.
Le GIEC Biodiversité veut fournir des données quantitatives utiles à la préservation des espèces.  - Samuel-DUCEPT
Elsa Provenzano

Elsa Provenzano

«Quand on voit des tempêtes qui mettent à bas des forêts, une érosion de 15 à 50 mètres du trait de côte, des vendanges qui ont lieu trois semaines plus tôt et un taux d’alcool qui dépasse les 14°, tout cela pose question, relève Alain Rousset, président de la région Nouvelle-Aquitaine. Et je pense qu’il faut faire travailler les gens ensemble ».

Dans cet esprit, il a souhaité lancer la création d’un groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), qui va s’intéresser exclusivement à la biodiversité régionale. Piloté par un conseil scientifique et associant 200 scientifiques régionaux, la structure a deux ans pour élaborer un rapport qui devrait peser sur les politiques régionales.

Un rôle de « démonstrateur »

Le GIEC va avoir comme mission de rassembler « des données scientifiques quantitatives précises et sans parti pris », précise Nicolas Thierry, vice-président en charge de l’environnement et de la biodiversité à la Région, mais devra aussi jouer un rôle de « démonstrateur », ajoute Alain Rousset. « On peut démontrer que la présence des abeilles augmente de 20 % le rendement agricole », explique par exemple Vincent Bretagnolle, coordinateur du projet et directeur de recherche au CNRS de Chizé, spécialisé en agroécologie et conservation de la nature. Un argument précieux pour convaincre les paysans de changer leurs façons de travailler en allant, par exemple, vers la biodynamie.

L’état des lieux s’intéressera aux milieux aquatiques, marins, terrestres et fera la synthèse des travaux déjà réalisés dans ces domaines. Avec l’érosion spectaculaire de la biodiversité qui est observée, (un cinquième de toutes les espèces vivantes pourrait disparaître dans les 30 ans), il s’agira d’évaluer l’ampleur des conséquences sur les activités économiques, mais aussi sur la santé et le cadre de vie.

Une initiative pour « aller plus loin »

Même si la Région pointe les efforts déjà accomplis comme les forêts replantées, le soutien à une entreprise qui développe une micro-algue présentée comme une alternative aux pesticides, une convention de sortie des pesticides avec l’interprofession des vins de Bordeaux, elle veut aller plus loin et devenir exemplaire en la matière. « Cela va nous aider à trouver un autre modèle agricole, espère Alain Rousset. Aujourd’hui, on a une agriculture de subvention et il faut passer à une agriculture d’innovation ».

Le champ d’étude de ce GIEC est assez vaste, il va s’intéresser à l’érosion des pollinisateurs ( évaluer le coût de leur déficit par exemple), la disparition des micro-organismes, qui contribuent à détoxifier les sols et l’air, à la disparition d’espèces animales etc. « En une génération, la population d’alouette des champs a diminué de moitié en Europe », pointe par exemple le scientifique Vincent Bretagnolle.

L’initiative a été inspirée par le travail effectué en région sur le réchauffement climatique. Le spécialiste Hervé le Treut avait été sollicité par la Région en 2013 pour une mission d’expertise qui a donné lieu à un ouvrage et à la mise en place d’un groupe permanent appelé Aclimaterra.

Une première enveloppe de 85.000 euros a été accordée à ce projet pour son lancement. L’institution espère que son initiative puisse être reprise à l’échelle nationale voire internationale.