Nouvelle-Aquitaine: Ces consommateurs qui sortent leurs bocaux pour faire leurs courses!
ENVIRONNEMENT•Les enseignes proposant de venir munis de bocaux ou de sacs pour faire ses courses connaissent un succès grandissant auprès d’une clientèle soucieuse de réduire ses déchets…Elsa Provenzano
«Je prends surtout des épices, du thé, des noisettes: en fait tout ce que j’achète en trop grande quantité ailleurs et que je ne termine pas, raconte une habitante du quartier, âgée de 30 ans et cliente du magasin « Day by Day » de la rue Fondaudège à Bordeaux. J’ai par exemple des épices qui datent de 2012 chez moi ! Cela permet de faire des économies et aussi de découvrir d’autres produits. »
Acheter au poids, une mesure anti-gaspillage
Ce magasin 100 % vrac propose 700 références qui sont vendues au poids, les clients viennent munis de bocaux, de tupperwares, de sacs etc. « Je peux acheter la quantité que je veux et je les stocke dans des boîtes. Je viens d’acheter du cacao et du sucre de canne, explique Clémence, une étudiante de 21 ans. La prochaine fois, j’achèterai du riz et des pâtes, il y a des variétés qu’on ne trouve pas ailleurs ». « Et mes spaghettis sont à seulement 1,10 euro le kilo », glisse Eddy Diemunsch, le gérant de cette enseigne franchisée qui compte 23 magasins en France dont un à Bordeaux depuis septembre 2015.
C’est le deuxième magasin sans emballages à s’installer sur Bordeaux après la Recharge, l’épicerie installée depuis juillet 2014 rue Sainte-Colombe.
« Maintenant deux tiers de nos clients viennent avec leurs propres emballages », assure Jules Rivet l’un des deux créateurs de la Recharge, qui a recruté deux personnes depuis son lancement. Entre 100 à 300 clients par jour fréquentent cette épicerie de l’hypercentre qui pratique la consigne avec succès. « Le fait de passer directement par des producteurs pour les fruits et légumes bios nous permet de proposer des prix très compétitifs », souligne Jules Rivet. Si le vrac est la règle des lieux, il reste encore à inventer pour certains produits. « On a encore du travail sur les liquides, les produits frais, ceux qui baignent dans la saumure, etc. », égrène le cogérant.
Priorité aux produits locaux
Au sein de la chaîne d’épiceries en vrac «Day by Day», la boutique bordelaise a été une des premières à s’installer en province. Aujourd’hui, l’enseigne s’est aussi implantée à Limoges et à Brive-La-Gaillarde, dans la région Nouvelle-Aquitaine. « 95 % des produits proposés viennent de France et 75 % d’entre eux viennent de petites entreprises [SARL] », précise fièrement Eddy Diemunsch, gérant de Day by Day à Bordeaux. Auprès de ses fournisseurs, il veille à privilégier les cartons au lieu des plastiques et prend de grosses quantités quand cela est possible et ne nuit pas à la fraîcheur du produit. « Il y a une alchimie à trouver », estime-t-il, ajoutant qu’il « ne pleut pas du vrac ».
« On assimile le bio au vrac mais la première enseigne à créer le vrac, c’est Auchan, rappelle Eddy Diemunsch. 30 % de mes références sont bios et on peut proposer deux fois plus de références que les enseignes 100 % bio. » Il observe une préoccupation de ses clients pour la réduction de leurs déchets. « Beaucoup se lancent dans une démarche zéro déchet et j’ai remarqué qu’ils commencent alors par changer leurs habitudes d’achats sur la cosmétique », raconte-t-il. Dans ses rayons, ils peuvent s’approvisionner en shampoing solide, carrés démaquillant lavables, savon à la coupe, etc.
Dans les villes moyennes de la région, les enseignes sans emballages fleurissent également. La Mesure a ouvert à Bayonne, il y a un peu plus d’un an, et propose 300 références dont 70 % en vrac et 10 % en bio. « Il y avait une grosse attente de la clientèle », estime Benjamin Turco, son cogérant avec Elise Duprilh. Comme chez Day by Day, des bocaux sont aussi mis gratuitement à la disposition des clients, qui peuvent amener leurs propres récipients. Fromages et jambons locaux, huiles, vins, épices, fruits secs, produits ménagers, etc. sont à la vente dans l’enseigne bayonnaise. « On ne peut pas avoir que des produits locaux mais on essaie au maximum, précise Benjamin Turco. Par exemple, nos biscuits sont fabriqués dans une biscuiterie locale et le café est torréfié près d’ici. » Le panier moyen de la clientèle est de 6 à 7 euros. « Ce qui n’est pas mal si on considère que les 100 grammes de riz basmati sont à 19 centimes et les 100 grammes de lentilles à 30 centimes par exemple », commente le gérant.
C’est aussi les tarifs des produits, qui concurrencent pour certains d’entre eux les prix en supermarchés, qui incitent les clients à pousser les portes de ces épiceries vertueuses.