Lot-et-Garonne: La production agricole pourrait bientôt baisser de 20% à cause de la disparition des abeilles
BIODIVERSITE•La région Nouvelle-Aquitaine va lancer un plan de protection des abeilles et autres pollinisateurs…Mickaël Bosredon
Une situation « très préoccupante. » Face à l’ampleur de la disparition des abeilles et autres pollinisateurs, la région Nouvelle-Aquitaine, sous l’égide de Nicolas Thierry, vice-président environnement et biodiversité, lancera mardi 13 décembre à Bordeaux le début des travaux de son plan de protection des pollinisateurs pour 2017.
Ce plan de protection, « une première en France », sera doté de 500.000 euros. « L’idée est d’améliorer la connaissance en la matière, de mettre en place des opérations de restauration, notamment de plantes mellifères, et de sensibiliser le grand public et les professionnels à l’éducation à l’environnement » explique à 20 Minutes Nicolas Thierry.
Un risque de « grave crise économique »
Sur la base de récents rapports, l’élu alerte sur les dangers immédiats de la disparition des pollinisateurs. « Les insectes pollinisateurs jouent un rôle clé pour la biodiversité en permettant la reproduction sexuée des plantes à fleurs, rappelle-t-il, or, un rapport publié il y a quelques jours par le ministère de l’Environnement indique que le département du Lot-et-Garonne, premier producteur national de prunes, fraises et noisettes, pourrait connaître une diminution de 20 % de la production de ses arbres fruitiers sous très peu de temps, en raison de la diminution de ces pollinisateurs. »
Le Lot-et-Garonne, c’est 7.200 exploitations agricoles pour un chiffre d’affaires annuel dépassant de 719 millions d’euros. « Il est évident que s’il perd un cinquième de sa production, on va se retrouver face à une grave crise économique. »
Eradiquer le frelon asiatique
Plusieurs chantiers doivent être ouverts rapidement, estime Thierry David : « Il faut apporter du soutien à la recherche, accompagner les territoires pour atteindre les 0 % de pesticides, et il y a bien sûr un volet frelon asiatique. Aujourd’hui, seule la destruction des nids est efficace, mais cela ne permet pas de ralentir leur progression. Or, il faut mettre le paquet pour détruire un maximum d’individus. L’Inra et le CNRS travaillent sur un appât qui n’attirerait que le frelon asiatique car, à ce jour, les appâts qui existent détruisent aussi les guêpes et les abeilles. »
En 2016, la France a produit quelque 10.000 tonnes de miel, contre près de 18.000 tonnes en 2015. « Certes, nous avons connu un printemps pluvieux, mais ceci n’explique qu’en partie cette diminution brutale de la production. On est entré dans une phase très inquiétante, et je suis surpris qu’un tel sujet, qui va nous impacter tellement en terme écologique, économique, et au niveau de la santé, n’occupe pas davantage les débats au niveau national. »
En France, 72 % de la production agricole dépend de la pollinisation.