ENVIRONNEMENTMédoc: Action de soutien des anti-pesticides aux travailleurs agricoles

Médoc: Action de soutien des militants anti-pesticides aux travailleurs agricoles

ENVIRONNEMENTUne modification de l'arrêté qui réglemente le retour sur les parcelles après une application de pesticides est en cours. Comme le délai serait raccourci, les militants expliquent que les professionnels vont être davantage exposés aux substances chimiques...
Elsa Provenzano

E.P. avec AFP

Ils veulent alerter l’opinion sur la situation des professionnels qui travaillent dans la vigne et qui sont les plus exposés aux pesticides. Une vingtaine de militants d’associations de lutte contre l’usage des pesticides, mais aussi de la CGT et de la Confédération paysanne, ont mené, dimanche matin, une action de soutien aux travailleurs agricoles et viticoles sur la commune d’Avensan au cœur du territoire viticole du Médoc.

Les militants d’associations comme « Alerte aux toxiques ! » et « Info Médoc Pesticides », portant masques et combinaisons de protection ont planté plusieurs dizaines de croix blanches dans un champ, représentant un « cimetière symbolique dédié aux travailleurs viticoles et agricoles, victimes des pesticides ».

On pouvait lire sur plusieurs banderoles : « La reconnaissance d’une maladie professionnelle est un droit » ; « Délai d’entrée raccourci, travailleurs des vignes sacrifiés » ; « Pesticides = homicides ».

Le délai de retour sur la parcelle après traitement en débat

« Cette action vise à protester contre la modification, en cours, de l’arrêté du 12 septembre 2006 qui réglementait le délai de retour -dit 'délai d’entrée' - des salariés sur une exploitation après épandage de pesticides », a expliqué Marie-Lys Bibeyran, fondatrice du collectif « Info Médoc Pesticides ».

« Jusqu’à présent, le délai d’entrée pourtant très minimaliste était fixé entre 24 et 48 heures, mais sous la pression des producteurs de pommes du Limousin le Conseil d’Etat a demandé, en juillet 2016, la suppression du précédent arrêté pour en rédiger un nouveau qui doit être pris en janvier », a-t-elle affirmé.

L’arrêté avait été annulé par le Conseil d’Etat pour vice de forme car il n’avait pas été visé par l’Union européenne.

Aucune preuve de l’efficacité des équipements de protection

La rédaction d’un nouvel arrêté viserait, selon Marie-Lys Bibeyran, à introduire une « clause de 'conditions exceptionnelles' permettant de réduire le délai de retour sur l’exploitation à six heures si les travailleurs portent des équipements de protection individuels (EPIS) ». « C’est extrêmement grave quand on sait qu’à la lumière de plusieurs tests effectués, même après un délai de 48 heures on peut encore déceler dans les cheveux des traces de pesticides », a-t-elle souligné. « Et c’est d’autant plus grave qu’on n’a pas la preuve de l’efficacité des fameux équipements de protection EPIS, qui, au passage, sont fournis par Bayer, fabricant de pesticides », a-t-elle relevé.

Pour Marie-Lys Bibeyran, « cette mesure est en réalité un moyen pour les pouvoirs publics et les exploitants de se défausser de leurs responsabilités sur les travailleurs et donc à terme c’est la fin de la reconnaissance des maladies professionnelles ».

Cette militante associative se bat devant la justice pour faire reconnaître la maladie professionnelle de son frère Denis. Exploitant et salarié viticole dans le Médoc, il a appliqué des pesticides pendant 20 ans et est décédé d’un cancer en 2009.