POLITIQUEBordeaux: Polémique autour du transfert du stade de la ville à la Métropole

Bordeaux: Le transfert du stade Matmut de la ville à la Métropole est-il un tour de passe-passe?

POLITIQUEMatthieu Rouveyre, élu municipal d'opposition, estime que le transfert du stade se fait au détriment de la Métropole puisque la Ville se déchargerait d'une partie de ses dettes sur l'institution...
Elsa Provenzano

Elsa Provenzano

Le conseil de Métropole a adopté ce vendredi la délibération concernant le transfert d’équipements culturels et sportifs, dont le stade Matmut Atlantique, des communes vers la Métropole.L’élu municipal d’opposition Matthieu Rouveyre (PS) estime que la Ville se décharge à l’occasion de ce transfert d’une partie de sa dette lié au contrat signé avec la société Stade Bordeaux Atlantique (SBA) pour le stade Matmut Atlantique. La Métropole, qui n’a pas souhaité aller au-delà d’une subvention de 15 millions d’euros pour le financement de cet équipement sportif, ressortirait donc affaiblie financièrement de cette opération.

Les règles du transfert en question

« C’est l’application de la loi MAPTAM [modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles], il [le transfert] remplit tous les critères et le partenariat public-privé [PPP] ne fait pas obstacle au transfert », a déclaré Alain Juppe ce vendredi. Pour faire l’objet de ce transfert, les équipements doivent présenter un caractère unique, une jauge assez importante et offrir un rayonnement national voire international. « Mais ces critères sont définis par le conseil de la Métropole, s’agace Matthieu Rouveyre, il aurait pu ne pas les transférer. Par exemple le Rocher de Palmer ou l’Opéra, qui remplissent ces critères, ne le sont pas. »

Il ajoute que l’équipement transféré doit pouvoir être mis à disposition de l’institution métropolitaine, or pour lui, la Ville, qui par son contrat de PPP n’a aucun droit de gestion, d’exploitation ni de maintenance, n’aurait pas les moyens de garantir une telle chose. Rappelons que le stade est propriété de SBA qui en a la gestion exclusive. « Si on voulait par exemple faire courir des scolaires, il faudrait non seulement demander l’autorisation à la société SBA mais aussi payer », précise l’élu d’opposition.

« C’est la métropole qui va payer la différence »

« Aujourd’hui, la Ville doit au minimum payer 3,6 millions d’euros par an à SBA et elle ne prévoit de rembourser que 2,4 millions à la Métropole qui est substituée à elle vis-à-vis du partenaire privé », indique Matthieu Rouveyre. Et pour lui « c’est la métropole qui va payer la différence ». Il calcule qu’au minimum il s’agit de 19 millions d’euros portés à la charge de cette institution et au pire le double si les impôts (la Ville s’est engagée à rembourser ceux de SBA pendant la durée du contrat, soit jusqu’en 2044) sont sous-estimés.

Alain Juppé balaye toutes ses remarques d’un revers de la main, parlant d’un « transfert incontestable » et qualifiant les propos de Matthieu Rouveyre d' « attaque politicienne » et de « procès d’intention ». Il n’avance pas du tout les mêmes chiffres que l’élu d’opposition. Il explique que le stock de dettes incombant à la Métropole serait de 6,3 millions d’euros par an mais que dans le même temps, 8 millions d’euros de recettes garanties lui seraient transférés. Il a aussi souligné que Bordeaux Métropole deviendrait propriétaire du stade, au terme du PPP, en 2044.

Estimant que ce transfert n’est pas juste, l’élu d’opposition va s’adresser au préfet qui peut demander davantage d’explications au maire sur ce transfert et éventuellement, saisir le tribunal administratif.