JUSTICESuspectés d'avoir prostitué leurs enfants à Bordeaux, ils nient les faits

Parents suspectés d’avoir prostitué leurs enfants à Bordeaux : « Je ne savais pas que mon fils faisait des choses pareilles »

JUSTICEOnze Bulgares, parents des dix victimes mineures au moment des faits, sont jugés depuis le lundi 7 novembre et jusqu’au 18 novembre devant la cour d’assises de la Gironde pour proxénétisme...
Les parents Bulgares sont jugés jusqu'au 18 novembre pour proxénétisme.
Les parents Bulgares sont jugés jusqu'au 18 novembre pour proxénétisme.  - E.Provenzano / 20 Minutes
Elsa Provenzano

Elsa Provenzano

Depuis le 7 novembre et jusqu’au vendredi 18 novembre,, entre mai 2009 et mai 2010.

Aucun des dix jeunes garçons, majeurs aujourd’hui, ne s’est constitué partie civile. Seules des associations dont La voix de l’enfant, l’Association de lutte contre la prostitution des enfants l’ont fait. Les pédophiles, jugés par ailleurs et incarcérés, ont témoigné à huis clos lors de ce procès. Ils ont reconnu des actes sexuels, réalisés par les mineurs.

Il ne « faisait pas ça pour l’argent »

Le président de la Cour d’Assises Stéphane Rémy rapporte lors de l’audience les déclarations d’un des mineurs, âgé de 15 ans au moment de l’enquête, en mai 2010. Aujourd’hui marié et a deux enfants, il raconte que son premier rapport sexuel avec un adulte a eu lieu un an auparavant, avec un homme rencontré sur la place de la Victoire. L’homme le fixait et le jeune garçon a été le voir. Ils ont alors pris un café ensemble et le jeune garçon lui a donné son numéro « J’avais compris ce qu’il attendait », lance-t-il.

L’ado de l’époque relate en détail les actes sexuels, tout en se défendant d’être homosexuel. Il reconnaît qu’il leur fait souvent croire qu’il a entre 18 et 19 ans. Parfois ces adultes lui offrent des cafés et des cigarettes mais il affirme qu’il ne « faisait pas ça pour l’argent », mais parce que « ça lui faisait plaisir ».

Il conteste donc la prostitution

« Je ne les cherche pas, si ça arrive ça arrive » déclare-t-il. Une affirmation en dissonance avec des textos relevés dans le cadre de la surveillance et dans lesquels il sollicite plusieurs hommes. « J’ai besoin d’argent, j’ai besoin d’être en contact avec eux pour les taper de temps en temps, se justifie-t-il. Je fais ce que je veux, je ne fais pas ce qu’ils veulent. Je préférerais faire autrement mais c’est comme ça ».

« Il explique qu’il y a des hommes qu’il fait juste espérer mais avec qui il n’a pas de relations sexuelles et qui lui donnent de l’argent. Et, d’autres avec lesquels il couche mais sans échange d’argent et de manière consentie », résume le président du tribunal. Il conteste donc la prostitution alors que les pédophiles, entendus comme témoins à huis clos lors de l’audience, évoquent des rapports sexuels tarifés avec ces mineurs.

« Je ne sais pas pourquoi il a fait ça »

Pour parler de proxénétisme, il faut prouver que les parents avaient connaissance de l’activité de prostitution des enfants et qu’ils tiraient bénéfices des revenus de cette activité. Zaprin Georgiev, le père du jeune garçon assure tomber des nues : « Je ne savais pas que mon fils faisait des choses pareilles. On faisait notre possible avec sa mère pour qu’il étudie ici et qu’il ait une meilleure vie. Je regrette de ne pas avoir vu tout ça avant. » Quatre pédophiles ont témoigné avoir réalisé des relations avec ce mineur, rappelle le président du tribunal, lui demandant s’il a parlé de ça avec son fils. « Il me disait qu’il sortait avec des amis », se défend le père.

Il lui donnait entre 5 à 20 euros par semaine, une somme qu’il estime insuffisante connaissant son fils mais assure qu’il ne pouvait pas lui verser davantage. « Vous vous êtes dit qu’il s’en passerait », précise l’avocate du couple Me Delphine Couronne Palat, rappelant un de leurs échanges. Quand le tribunal évoque sur cinq mois des mandats émis vers la Bulgarie pour un total de 4.500 euros, son épouse, Elena Georgieva, explique qu’il s’agit en partie du fruit du travail de son mari et d’allocations envoyées pour aider une de leur proche, très malade.

« Jamais mes enfants n’ont fait quelque chose pour me ramener de l’argent. Qu’est-ce qui a manqué ? Je ne sais pas. Je ne sais pas pourquoi il a fait ça », témoigne la mère.

Le couple a déjà été en détention provisoire à la maison d’arrêt de Gradignan, dans le cadre de cette affaire. Il encourt 15 ans de prison.