Bordeaux: A château Simon, la nouvelle génération veut dépoussiérer le Sauternes
VIN•Deux jeunes soeurs, qui ont repris récemment ce domaine à Barsac, entendent faire mentir le rapport Malpel qui accuse Sauternes d'être sur le déclin...Mickaël Bosredon
En déclin, le Sauternes ? C’est ce qu’affirme en tout cas, ingénieur au ministère de l’Agriculture. Trop cantonné au foie gras, le Sauternes serait distancé sur la table par le vin blanc et le rosé. Trop chère, l’appellation serait aussi confrontée à une dispersion de l’offre.
Un rapport qui tombe mal, à quelques jours des portes ouvertes du Sauternes, l’une des manifestations annuelles majeures de l’appellation, et à quelques semaines de Noël, période où elle effectue 80 % de ses ventes.
Pauline et Anne-Laure Dufour sont deux jeunes sœurs qui ont repris récemment la propriété familiale, , qui produit du Sauternes et du Graves. Elles, ne se reconnaissent pas dans ce tableau au vitriol.
« Nous sommes là pour apporter un nouveau regard »
« Cela fait 200 ans que l’on fait du vin à château Simon, et essentiellement du Sauternes, explique Pauline Dufour. Et si la tradition familiale est importante, nous sommes là pour apporter un nouveau regard et faire évoluer les choses. On ne peut pas dire que tout va bien, ni que Sauternes ne souffre pas d’une image de luxe et un peu vieillotte, mais il y a de belles initiatives qui sont déjà prises, à travers la marque Sweet Bordeaux notamment, et dans plein de propriétés on se renouvelle. On n’a pas attendu pour s’adapter aux évolutions du marché. »
« Sauternes traverse une crise, mais ni plus ni moins que d’autres secteurs d’activité » estime pour sa part Dominique Bonnard, le mari d’Anne-Laure, qui s’occupe de la vinification pour la propriété.
« Cognac a connu des temps difficiles, il est revenu au top niveau »
Cette nouvelle génération reconnaît toutefois que « Sauternes doit évoluer. » « Il faut viser des marchés de niche et aller vers l’export, comme la Chine. Ce vin se marie extrêmement bien avec la gastronomie asiatique. C’est un vin qui peut aussi se servir sur l’apéritif. Il faut donc arrêter de cloisonner le Sauternes autour du foie gras. Il y a encore une histoire à écrire. On se souvient du cognac qui a connu des temps extrêmement difficiles. Aujourd’hui il est revenu au top niveau, car il est sorti de son carcan. C’est une histoire d’image », analyse Pauline Dufour.
L’image, Pauline et sa soeur y travaillent. Pour les (11,12 et 13 novembre), elles ont décidé de sortir de la traditionnelle visite des chais suivie d’une dégustation. « Nous faisons venir , un cuisinier qui va proposer un menu à 20 euros autour de la tapas, sur lequel on dégustera notre Sauternes, afin que les gens redécouvrent cette appellation. Il y aura aussi Remi Winterholer, . »
« Le vin, ça doit être de la passion, du plaisir »
Pour les deux jeunes sœurs, ce qui importe le plus est le contact direct avec le client.
« Nous nous sommes protégées des fluctuations du marché, en vendant quasiment 100 % de notre production directement aux clients, sans passer par le négoce, explique Pauline. En contrepartie, cela demande beaucoup d’énergie et de temps au niveau commercial. Mais nous pouvons ainsi échanger avec les particuliers, et démocratiser l’univers du vin. On s’aperçoit que lorsque les gens viennent dans les châteaux, ils font souvent un complexe. Alors que le vin ça doit être de la passion, du plaisir. C’est en tout cas comme cela que nous le percevons. »
Portes ouvertes les 11,12 et 13 novembre. Pour château Simon, réservations au 05.56.27.15.35.