Bègles: Onze familles vivent dans le premier habitat participatif de Gironde
LOGEMENT•En mutualisant certains espaces, les habitants peuvent accéder à la propriété à un coût bien inférieur au marché « libre »...Elsa Provenzano
A deux pas du tramway, une résidence d’un genre nouveau baptisée « La Ruche » est sortie de terre à Bègles, la ville dirigée par l’écologiste Noël Mamère. Et les onze familles investies dans ce projet participatif depuis quatre ans sont très fières de faire découvrir, ce jeudi lors de l’inauguration officielle, leurs logements, conçus sur-mesure pour elles.
Qu’est-ce qu’un habitat participatif ? C’est une démarche dans laquelle les futurs habitants sont associés au projet de construction autour de professionnels de l’habitat. Sur « La Ruche », les premières réunions ont commencé en 2012 autour d’ , qui est maître d’ouvrage et du cabinet d’architectes Dauphins Architecture. Le site se trouve sur le périmètre de l’opération d’intérêt national Euratlantique.
Quelles différences par rapport à un logement classique ? Ensemble les habitants ont décidé de la création d’espaces communs (buanderie, atelier, terrasse, potager, etc.) mais ont aussi pu demander aux architectes des spécificités dans leurs logements. Par exemple, une habitante voulait absolument un petit lavabo dans ses toilettes et un couple une petite chambre en plus.
Cette mutualisation, en plus de créer de la convivialité, réduit le coût de l’accession et des charges jusqu’à 30 % en dessous du prix du marché. « On a bénéficié de l’accession sociale à la propriété et on devient enfin propriétaires ! On a acheté à 2.500 euros le m2 au lieu de 3.500 euros le m2 [sur le marché de l’immobilier classique]. Jamais on n’aurait pu acheter à Bègles à ce prix-là ! », explique Clémence, 35 ans, une habitante de la Ruche qui vient d’emménager avec Géraud dans un appartement de 70 m2.
Est-ce qu’il s’agit de logements écologiques ? La résidence comporte onze logements du T3 au T6 répartis sur deux bâtiments. L’ossature est en bois et l’isolation a été réalisée en paille. « Ce sont des matériaux nobles. Et cet été même pendant la canicule j’étais au frais chez moi », se réjouit, Noëlle, une sexagénaire qui a emménagé dans un rez-de-chaussée de 80 m2. Les performances énergétiques sont au-delà du bâtiment basse consommation (BBC) et pas très loin du passif, même s’il n’y a pas eu de démarche de labellisation. Beaucoup de logements sont équipés de poêles à granulés de bois, les commandes de ces pellets pourront donc être elles aussi mutualisées.
Qu’en pensent les habitants ? « Je ne pensais pas qu’on arriverait à faire quelque chose d’aussi complet ! En ce moment on fait des apéros à peu près tous les soirs sur notre terrasse, les gosses jouent dans la cour. On vit ensemble dehors », raconte Noëlle. « Tout nous a séduits dans ce projet qu’on a rejoint en décembre dernier, après le désistement d’un des habitants : créer du lien avec nos voisins, partager des valeurs communes et vivre dans une construction écologique, s’enthousiasme Clémence. Et pour des supporters de rugby, avoir une vue sur le stade Moga c’est super ! »
D’autres projets sont-ils en cours ? Des projets participatifs sont prévus sur Bordeaux et Mérignac. Noël Mamère a rappelé la construction prochaine d’une quarantaine de logements participatifs près de la mairie de Bègles sur une zone d’aménagement concerté (ZAC). « L’habitat participatif c’est le contraire de la promotion, ce sont des parts sociales, on ne spécule pas », a souligné l’élu, déplorant que la Métropole ne se soit pas dotée d’un établissement public foncier pour maîtriser la hausse galopante des prix.