Corrèze: Les parents de la fillette enfermée pendant deux ans seront jugés aux assises
FAITS DIVERS•La fillette souffre d'autisme en raison de la maltraitance subie...avec AFP
Un homme et une femme vont être jugés à Limoges aux assises pour « violences habituelles sur mineure de moins de 15 ans ayant entraîné une infirmité permanente ». Il s'agit des parents de la petite Sérena, dont l'existence avait été cachée durant près de deux ans en Corrèze. Elle a finalement étéretrouvée en octobre 2013 dans le coffre d'une voiture, souffrant d'autisme causé par les privations qu'elle a subies, selon un rapport d'expertise cité mardi par le parquet de Brive.
Les faits reprochés aux parents de l'enfant, mis en examen, sont donc désormais passibles de la réclusion criminelle devant une cour d'assises, indique dans un communiqué Laurent Czernik, procureur de la République de Brive. La découverte de la petite fille, sale, nue, déshydratée et en carence manifeste de soins, le 25 octobre 2013 dans le coffre d'une voiture que sa mère déposait chez un garagiste à Terrasson (Dordogne), avait suscité l'émoi en France et soulevé de nombreuses questions sur cette dissimulation exceptionnelle.
La mère de famille a élevé ses trois autres enfants normalement
Sa mère, Rose, mariée et élevant normalement trois autres enfants, avait expliqué peu après lors d'un entretien télévisé comment elle avait donné naissance, seule, chez elle, le 24 novembre 2011 à l'aube, à la fillette.
La mère de famille assurait n'avoir pu parler de cette naissance, qu'elle avait donc gardée secrète, y compris pour son mari. « C'est un bébé qui a vécu dans ma maison, dans une pièce où personne n'allait. Pour moi, je ne l'ai jamais maltraitée, je ne pouvais pas m'en occuper comme je me suis occupée de mes trois premiers enfants, mais j'ai essayé de la maintenir en vie. »
«Désorganisation précoce des récepteurs»
Lorsqu'ils ont examiné Serena, les experts ont relevé que « la sphère de la communication et notamment de la communication verbale était gravement altérée. Le langage comportait des sons sommaires qui n'étaient pas adressés à autrui sauf, à des moments privilégiés, à son assistante maternelle », précise le procureur de Brive.
« Il pouvait être considéré que les conditions dans lesquelles elle avait été enfermée dans l'obscurité et sans contact avec les personnes environnantes avaient entraîné une désorganisation précoce des récepteurs, et que, passé ce stade, les altérations prenaient un caractère définitif », ajoute-t-il. Sur le plan du développement physique, les experts ont noté que la fillette, bien qu'âgée de quatre ans au moment de l'examen, présentait un « développement réel de trois ans sur le plan postural et de 18 mois pour les coordinations.
Pour les experts, Serena souffrira donc d'une « incapacité permanente qui sera certainement importante » mais encore impossible à évaluer définitivement. Des séquelles qui résultent de la maltraitance psychologique et émotionnelle qu'elle a subie, même s'il n'y a pas eu de violences physiques à son encontre.