Bordeaux: Tension autour du site de construction d'un golf
ENVIRONNEMENT•Ce week-end du 18 et 19 juin des opposants au projet organisent une occupation du site, dans l'espoir d'en faire une zone à défendre (ZAD)...Elsa Provenzano
Le lancement du chantier a eu lieu en avril dernier sur le site du domaine de la plantation, à Villenave d’Ornon, en bord de Garonne, à environ 15 minutes de Bordeaux. La société NGF Golf y implante un parcours de 18 trous sur 100 hectares.
Le projet est dans les tuyaux depuis de nombreuses années mais les promoteurs successifs ont renoncé face aux recours déposés par des associations de protection de l’environnement comme la Sepanso.
Le parcours 18 trous prévus pour l’été 2018
La première phase proposant 9 trous sera achevée en juin 2017 et le parcours total sera livré un an après. Un ensemble immobilier comprenant un restaurant, un hôtel et un espace bien-être sont aussi prévus sur le site par l’aménageur Plabo SAS (Groupe Vizzion). L’ensemble du projet porte sur 167 hectares.
Un collectif d’opposants, qui a déjà organisé trois mobilisations sur le site, prévoit de l’occuper le week-end du 18 et 19 juin. S’ils sont assez nombreux, ils ambitionnent d’en faire la première zone à défendre (ZAD) de l’agglomération bordelaise.
« Le parcours sera inséré le plus naturellement possible sur l’espace initial et certains des arbres remarquables du site seront gardés. On n’est pas obligé de tout raser, bien au contraire », promet Pierre Chevalier, directeur de la communication pour la société NGF Golf, qui est déjà à l’origine des golfs de Margaux et de Lacanau dans la région.
Une zone classée Natura 2000
« La zone est classée Natura 2000, c’est un des niveaux de protection les plus importants ! Les agriculteurs qui travaillent dans ce secteur ont des contraintes très fortes », souligne l’un des membres du collectif d’opposants au projet. Seuls 1.758 sites sont classés Natura 2000 en France, pour la rareté ou la fragilité des espèces sauvages, animales ou végétales, et de leurs habitats. Le vison d’Europe vit par exemple sur le site.
L’entreprise assure que la zone humide ne sera pas impactée par l’installation du golf et précise que l’eau sera pompée dans les retenues d’eau. « L’herbe rase nécessaire au golf n’a jamais profité à aucune espèce. Et des pesticides, dont on connaît les dégâts sur le milieu, vont aussi être utilisés », s’inquiètent les opposants.
Un risque d’inondations
Le collectif reconnaît que tout le golf n’est pas sur la zone humide proprement dite et même, qu’il a été évité qu’il y soit. « Mais il se trouve sur la zone d’étalement pour la Garonne et si on la prive de ce secteur, elle va bien s’étaler quelque part », pointe le collectif. La zone humide a une fonction de zone tampon, en cas de crue importante du fleuve. Sans elle, des inondations pourraient menacer des habitations, selon la même source.
Les opposants au golf souhaiteraient que ces terrains très fertiles soient attribués aux agriculteurs locaux qui veulent travailler en bio. « Il manque 8.000 maraîchers bios sur la Métropole pour satisfaire la demande », estiment-ils.
Les 18 et 19 juin, le collectif veut exposer ces arguments au public, tout en organisant un événement festif. « On est ouverts au dialogue constructif mais ce qui nous inquiète c’est la capacité de blocage du chantier. Il y a déjà de gros engins sur le site », déclare Pierre Chevalier.