Il n’avait pas encore été auditionné ni pendant l’instruction, ni en première instance. Jean-Pierre Meyers, 68 ans, mari de Françoise Bettencourt-Meyers a été entendu ce mercredi dans le procès en appel du volet abus de faiblesse de l’affaire Bettencourt. Il a été cité par la défense dans ce second procès. Quatre prévenus dont le photographe François-Marie Banier comparaissent jusqu'au 27 mai. Liliane Bettencourt, âgée de 93 ans, est aujourd'hui placée sous tutelle.

Il a fait une longue déclaration à la barre d’environ une heure, insistant sur la confiance que lui ont témoignée ses beaux-parents depuis son mariage en 1984, en lui confiant des postes à responsabilité dans leurs affaires et décrivant l’influence grandissante de François-Marie Banier, principal prévenu, sur Liliane Bettencourt. Mais, il s’est montré peu enclin à répondre aux questions des avocats de la défense, rappelant à de nombreuses reprises n’être ni le porte-parole de sa femme ni de ses enfants, parties civiles.

« J’ai eu la confiance de mes beaux-parents »

« En 1987, mes beaux-parents m’ont proposé de rejoindre le conseil d’administration de l’Oréal dans lequel André Bettencourt (le mari de Liliane Bettencourt) était administrateur et qui représentait les intérêts de Liliane Bettencourt. Je me souviens qu’elle était venue le jour de mon arrivée au conseil », a-t-il déclaré.

Il est aussi devenu vice-président de la fondation Bettencourt-Schuller à sa création et en 1989 il est nommé administrateur de la société holding Tethys, présidée par André Bettencourt, qui gère la fortune Bettencourt. Il rejoint le comité des associés en 1990 et prend la relève d’André Bettencourt au conseil d’administration de Nestlé en 1991. « J’ai eu la confiance de mes beaux-parents », résume-t-il.

La relation de Banier avec la famille

En 1995, André Bettencourt prend sa retraite, ce que son épouse ne vit pas très bien. « C’était un moment difficile pour ma belle-mère, qui a eu l’impression de prendre elle aussi sa retraite et la réponse à ce vide, je crois que cela a été Banier, qui lui apportait divertissement et distraction », raconte le gendre de l’héritière de l’Oréal.

Liliane Bettencourt et le photographe François-Marie Banier se fréquentent déjà depuis plusieurs années mais l’un des séjours que le photographe passe aux côtés de la famille dans sa propriété d’Arcouest, en Bretagne ne se passe pas très bien. L’attitude du photographe vis-à-vis du mari de la milliardaire ne plaît pas à Françoise Bettencourt qui ne souhaite pas qu’il participe de nouveau aux séjours familiaux. Les années suivantes, « très souvent, avant le déjeuner, Liliane Bettencourt allait réceptionner des faxs qui venaient de François-Marie Banier », raconte Jean-Pierre Meyers.

De 95 à 98, il estime que leur relation devient plus étroite et va jusqu’à « mordre sur l’intimité familiale ». En 2003, elle est hospitalisée pour une intervention chirurgicale et sa fille, son gendre et son mari se retrouvent à attendre dans le couloir pour la voir, alors que François-Marie Banier lui rend déjà visite dans sa chambre.

En 2007, c’est Françoise Bettencourt qui doit subir une « opération délicate » et alors que la veille, le gendre déjeune avec ses beaux-parents pour évoquer l’intervention, il note que sa belle-mère est « absente ». Alors que son beau-père dit qu’il ira rendre visite à sa fille le lendemain, la milliardaire organise alors un voyage à Marrakech.

Après la mort en 2007 d’André Bettencourt, « Françoise est avertie qu’il se passe des choses qui ne sont pas normales et elle a agi comme elle pensait devoir agir. Je l’ai soutenue dans sa démarche », a expliqué le gendre de la milliardaire.