Limoges: Trois élus portent plainte après la publication de comptes Twitter et Facebook parodiques
RESEAUX SOCIAUX•Un compte Twitter et un compte Facebook brocardent la vie poitique locale, ce qui n'est pas du goût de certains élus municipaux...M.B. avec AFP
Trois adjoints au maire de Limoges ont déposé plainte contre X mercredi pour détournement d'image et diffamation après des messages diffusés sur Twitter et Facebook par un compte parodique tournant en dérision la vie politique locale.
Le premier adjoint Guillaume Guérin (Les Républicains), l'adjoint à l'urbanisme Vincent Léonie (PR-UDI) et l'adjointe au développement durable Latifa Rahmaoui (sans étiquette) visent par leur plainte un compte Twitter parodique baptisé « Emile-Rejet Lomberti » (@EmileRejet), détournant l'état-civil du maire de Limoges Emile-Roger Lombertie (LR), et une page Facebook jumelle. Deux sources internet anonymes souvent bien renseignées sur les options politiques internes à la municipalité, et dont les trois élus s'estiment victimes.
« C'est le degré zéro du débat politique »
Le 21 mars, le compte parodique - dont l'avatar est un entonnoir tête en bas - a publié un montage de sa création associant une photo de Vincent Léonie, catholique pratiquant et membre de l'Education nationale, à une fausse carte « interactive des curés pédophiles de Limoges » empruntée à un site satirique local. « Je ne crois pas manquer d'humour, mais ça, c'est le degré zéro du débat politique », s'est insurgé Vincent Léonie.
Quelques jours plus tard, c'est Latifa Rahmaoui, dont l'absence non justifiée depuis plusieurs semaines avait été relevée par l'opposition, qui était mise en cause. Le 30 mars, « Emile-Rejet Lomberti » publiait une photo de l'élue accompagnée du commentaire « l'adjointe au développement (personnel) durable prend sa mission très à coeur, elle est absente de la mairie depuis cet été. »
« Tripatouillages » et « financement illicité de campagne »
Au nom de ces deux adjoints, leur avocat, Joël Frugier, a déposé plainte pour détournement d'image, délit passible d'un an d'emprisonnement et 15.000 euros d'amende. « En la matière, le droit s'applique de la même manière à internet qu'à n'importe quelle publication », déclare Me Frugier.
L'avocat y a joint une troisième plainte contre X pour diffamation pour le compte de Guillaume Guérin. Le 15 mars, le compte parodique publiait ce qui était présenté comme une correspondance interne à la droite locale mettant en cause les méthodes politiques de Guillaume Guérin, augmenté d'un commentaire ironisant sur « les tripatouillages » du premier adjoint et l'accusant de « financement illicite de campagne. »
Pour Guillaume Guérin, « l'accusation de financement illicite est grave et d'autant plus diffamatoire que c'est un non sens puisqu'on m'attaque en présumant d'une candidature que je n'ai pas annoncée pour les législatives de 2017. »
« Il existe un droit à la satire et à la caricature »
Sollicités via Twitter, les administrateurs des comptes ont répondu qu'« à notre sens aucune infraction n'est constituée. Bien sûr que nous détournons des images puisque notre compte est parodique et satirique. Il existe dans notre pays un droit à la satire et à la caricature (...) Nous sommes les fous du roi », explique leur message.
« La vocation de nos comptes est de donner à rire et à réfléchir. Parfois ils obligent à un peu de transparence. Les réseaux sociaux rendent plus compliqués à camoufler les manquements et petits arrangements des politiques », ajoute-t-il.