Détenu privé de parloir avec sa fille à Mont-de-Marsan: « Elle a 3 mois et il ne l'a jamais vue »
TEMOIGNAGE•Un détenu incarcéré au centre pénitentiaire de Mont-de-Marsan ne peut pas voir sa petite fille au parloir car les juges estiment que les lieux manquent d’hygiène. Sa compagne témoigne…Elsa Provenzano
Kamel, 31 ans, en détention provisoire au centre pénitentiaire de Mont-de-Marsan dans les Landes ne peut pas voir sa fille Shainez, née le 10 décembre 2015, jour de son incarcération, au motif que les parloirs n’y sont pas hygiéniques. Les demandes de permis de visite portées par sa compagne Sabrina, 34 ans, ont tour à tour été refusées pour le nourrisson.
La famille attend actuellement les conclusions d’un huissier désigné par le juge administratif et qui doit « constater sur place l’état des parloirs de la maison d’arrêt et déterminer s’ils sont dangereux pour la santé de l’enfant », selon l’observatoire international des prisons, qui défend le droit à la dignité des personnes détenues. Sabrina livre son témoignage à 20 Minutes.
Comment s’est passée votre première demande de permis de visite ?
Notre fille est née le 10 décembre, jour d’incarcération de son père au centre pénitentiaire de Mont-de-Marsan. Le SPIP (service pénitentiaire d’insertion et de probation) m’avait contacté à l’hôpital et recommandé de faire une demande de permis de visite. Nous avons un grand de 6 ans, j’ai donc fait la demande pour nous trois. Un mois après, j’ai reçu une réponse négative pour la petite, il était indiqué dans le courrier que c’était pour une raison d’hygiène des parloirs.
Comment avez-vous réagi ?
J’ai été surprise par cette réponse mais j’ai attendu de voir par moi-même l’état du parloir. Or c’est très propre, la prison date de 2009. Et j’ai vu d’autres bébés être accueillis au parloir. Ils étaient âgés de moins d’un an, ça, c’est sûr puisqu’ils ne marchaient même pas à quatre pattes.
Du coup, vous montrez des photos de la petite Shainez à votre compagnon ?
Elle a 3 mois et il ne l’a pas encore vue, il ne la connaît pas. Je lui ai montré des photos prises à sa naissance mais il ne veut pas en voir d’autres depuis. C’est trop dur, il veut voir sa fille pour de vrai. Il n’est pas bien…
Et cela complique vos visites à vous aussi ?
Je ne peux pas y aller toutes les semaines car il faut que je trouve quelqu’un pour garder ma fille, qui n’est encore qu’un nourrisson et j’ai 1 h 30 de route à faire pour m’y rendre. Cela me bloque un après-midi.
Comment interprétez-vous ces refus de parloirs, alors que cela est possible pour d’autres familles ?
A mon avis, c’est une fausse excuse, un prétexte. Le dossier est en cours d’instruction et ils essaient de mettre la pression sur mon compagnon. Quelle maison d’arrêt n’accueille pas les bébés au parloir ? Elles le font toutes… C’est pour le faire craquer alors que ce qu’il avait à dire, il l’a déjà dit.
En attendant les constats de l’huissier, le couple a également saisi la Cour européenne des droits de l’Homme.