SANTEC'est une Maison Rose, ouverte aux malades du cancer

Bordeaux: Les malades du cancer viennent trouver de l'aide dans la Maison Rose

SANTELa Maison Rose est une nouvelle structure qui vient d'ouvrir ses portes à Bordeaux, place des Quinconces. Elle s'adresse aux personnes souffrant d'un cancer, et aussi à leurs proches...
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

C’est une Maison Rose, adossée à la Place des Quinconces, à Bordeaux. Ceux qui viennent là veulent se faire aider, pour vivre le cancer, autrement. On s’y retrouve après ou pendant un traitement long et douloureux, pour partager témoignages, infos pratiques, blagues, vague à l’âme.

Ce lieu pionnier en France, en accès libre et gratuit pour tous vient d’ouvrir ses portes au deuxième étage d’un immeuble cossu. Dès la première semaine, les visiteurs, majoritairement des femmes, se comptent par dizaines.

« Les proches peuvent être si maladroits »

« Ici, c’est comme un petit cocon aux couleurs douces, on s’y sent bien », dit Eugénie. Quadragénaire souriante, la tête enturbannée d’un foulard bleu turquoise, elle est venue pour se « faire une idée », après les deux premières séances de chimio pour un cancer du sein, à l’Institut Bergonié (centre régional de cancérologie) où l’on fait la promotion de la Maison Rose.

Eugénie attendait l’ouverture du lieu « avec impatience, pour échanger avec des femmes qui vivent ce que je vis, et en faire des amies d’infortune. » « Les proches peuvent être si maladroits. Ils vous renvoient leurs propres peurs à un moment où on a déjà beaucoup de mal à gérer la sienne. Alors pouvoir en parler, en terrain neutre, avec des gens qui savent, c’est libératoire. » Ici, Eugénie prendra le temps de suivre enfin l’atelier de cuisine, sans cesse renvoyé à demain avant la maladie.

« On est accueilli comme dans l’appartement d’une copine »

Monique, 63 ans, plus réservée, se présente : « Qu’est-ce qu’on dit, “malade” ou “patiente” ? » Opérée d’un cancer du sein en région parisienne, elle s’est rapprochée de sa petite fille, à Bordeaux. Elle suit un traitement hormonal « douloureux », « c’est donc le moment opportun pour trouver un lieu où on ne pense qu’à soi. » « Ici, on est accueilli comme dans l’appartement d’une copine, et on capte tout de suite des ondes positives. »

La directrice des lieux, Jenna Boitard, prend le temps de les accueillir une à une, dans cet espace lumineux de 125 m2, décloisonné par des portes coulissantes « à la japonaise. » Les miroirs qui tapissent les murs habituent en douceur les patient(e) s aux transformations du visage et du corps.

Leçons de maquillage et de coiffure pour cacher les effets de la chimio

On prépare le thé dans la cuisine, on le boit dans le boudoir, avant de passer au salon de beauté, baroque et glamour avec ses fauteuils « grand siècle » tapissés de lamé et ses coiffeuses rococo, cernées de spots. Les socioesthéticiennes y dispensent massages, leçons de maquillage et de coiffure, pour cacher les effets temporaires de la chimio.

Le projet de Maison Rose est « devenu possible grâce à l’adhésion immédiate de l’ancien patron de Bergonié, le Pr Josy Reiffers (président du groupe Unicancer) qui l’a porté » jusqu’à sa mort en septembre 2015, se souvient Céline Dupré, cofondatrice du lieu.

Le projet d’une deuxième maison Rose à Paris

« Rose le semestriel haut de gamme et gratuit qu’elle a lancé en 2011 (200 000 exemplaires) pour les femmes atteintes de cancer, recueille « des milliers de mails témoignant de la solitude, et parfois la précarité, qui accompagnent le cancer », explique Céline Dupré.

Le financement du lieu s’appuie sur le soutien de la Fondation L’Oréal (250 000 euros), un engagement non encore chiffré de l’Agence régionale de Santé (ARS), et les aides discrètes mais substantielles d’autres grands donateurs, particuliers et institutionnels.

Et la « bonne nouvelle », ajoute Céline Dupré, c’est que la Maison Rose bordelaise essaime déjà, avec le projet d’une deuxième à Paris.