Gironde: Un nouvel arrêté sur l'épandage des pesticides qui fait déjà polémique
SANTE•Marie-Lys Bibeyran, militante anti-pesticides a remis au préfet ce mardi une pétition pour que les parcelles de vignes proches des écoles soient traitées en bio. La préfecture a annoncé de son côté un encadrement renforcé de l’épandage mais sans évoquer la solution du bio…Elsa Provenzano
Lancée le 26 septembre 2015 par Marie-Lys Bibeyran, ouvrière viticole et militante anti-pesticides, la pétition pour que les parcelles de vignes proches des écoles soient traitées en agriculture biologique a recueilli près de 85.000 signatures. Elle l’a remise ce mardi au préfet de la Gironde, soutenue par quelques dizaines de personnes, rassemblées devant la préfecture. Celle-ci a envoyé un communiqué ce mardi, détaillant un encadrement renforcé de l'épandage, sans évoquer la possibilité de parcelles bio.
Que demande exactement la pétition ?
La pétition a été lancée après l'affaire de Preignac, cette petite commune viticole dans laquelle le maire avait alerté l’agence régionale de santé (ARS) sur une suspicion d’excès de cas de cancers d’enfants. Elle demande que les parcelles proches des écoles et des lieux sensibles qui accueillent des enfants soient traitées en agriculture biologique afin d’éviter les pesticides dont certains sont cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques (CMR). Il y a 132 écoles qui sont situées à proximité de vignes en Gironde, indique Marie-Lys Bibeyran, précisant qu’il existe d’autres lieux accueillant des enfants pour des activités sportives par exemple, qui doivent être pris en compte.
Que propose la préfecture ?
La préfecture de la Gironde explique dans son communiqué qu’elle va renforcer l’encadrement de l’épandage dès la prochaine campagne de traitement en 2016. « Dès 2014, le préfet de la Gironde avait pris des mesures par arrêté du 23 juin pour encadrer le traitement des vignes aux abords des écoles. Une distance minimale de 50 mètres avait été introduite par précaution », rappelle-t-elle.
Un nouvel arrêté va permettre de compléter le dispositif existant et de traduire les nouvelles dispositions de la loi d'avenir pour l'agriculture, l'alimentation et la forêt. Il va étendre les mesures de précaution, au-delà des écoles, à d’autres établissements accueillant des enfants (crèches, haltes-garderies…), ainsi que tout autre établissement pouvant accueillir des personnes vulnérables et il favorisera l’implantation de dispositifs de protection notamment la plantation de haies. Il encouragera également le recours par les viticulteurs à des matériels limitant la dispersion des produits.
« La protection de la vigne constitue un enjeu majeur pour les viticulteurs dans le contexte climatique océanique de la Gironde propice au développement des maladies de la vigne », souligne la préfecture dans son communiqué.
Que pensent les militants de ces mesures ?
« C'est en totale déconnexion avec les attentes de la population et c'est balayer d'un revers de main la pétition qui a réuni 85.000 signatures », déplore Marie-Lys Bibeyran. Elle juge les mesures de protection avancées par la préfecture, et qui ont déjà été mis en place dans certaines communes comme Bourg-sur-Gironde, complètement inefficaces. « Je ne vois vraiment pas comment une haie ou un filet peut faire obstacle à la circulation de l’air », ironise t-elle. Ces mesures, avec celles des changements d’horaires pour les traitements, lui paraissent être seulement de « la poudre aux yeux ».
« C’est dans les habitations près des vignes qu’on retrouve le plus de pesticides, y compris en janvier c’est-à-dire en dehors de toute pulvérisation. Il n’y a pas de temps mort. Et jusqu’à 26 pesticides différents ont été identifiés », commente Marie-Lys Bibeyran.