Bordeaux: Les associations alertent sur la situation des Sahraouis, installés dans un campement de fortune
SOCIETE•Après avoir été expulsés à deux reprises de campements installés à proximité du pont Saint-Jean, 100 à 200 Sahraouis ont trouvé refuge dans des locaux abandonnés sur le quai Deschamps...De 100 à 200 demandeurs d'asile Sahraouis sont installés sur un site inoccupé du quai Deschamp de la rive droite Bordelaise depuis début octobre. Ils y ont bricolé de petites cabanes et installé quelques tentes, vivant dans une grande précarité. Leur collectif de soutien (ASTI, Cimade, LDH, Médecins du Monde et RESF) tape du poing sur la table, ce jeudi, alors que la réunion du 15 octobre organisée en préfecture n’a pas permis d’améliorer la situation.
Plusieurs dizaines de sites seraient disponibles
Le collectif dénonce des conditions d’accès trop restrictives au site de Pessac : il n’est ouvert que la nuit, ne dispose pas de cuisine et accueille seulement 30 personnes sur liste, alors que sa capacité d’accueil est de 60 places. La préfecture, qui a été relancée par l’association dans un courrier du 4 février, fait valoir des améliorations depuis le 15 octobre : une plus grande amplitude horaire, l’abandon d’une liste nominative et la proposition d’un repas chaud le soir.
« C’est un alibi pour ne pas ouvrir un autre centre d’hébergement (en faisant valoir que celui-ci n’est pas complet) alors qu’on pourrait reloger au moins 30 Sahraouis », dénonce Morgan Garcia, chargé de mission squats chez Médecins du Monde. « Pour les Sahraouis, la plupart du temps leur hébergement ne dépend pas de l’Etat. Et, on a de la place à Pessac », rétorque Thierry Suquet, secrétaire général à la préfecture de la Gironde. L’institution préfectorale rappelle que les Sahraouis déboutés du droit d’asile ne relèvent plus de sa responsabilité.
« Lors de la réunion du 15 octobre, le directeur de cabinet de Bordeaux Métropole avait laissé entendre que plusieurs dizaines de sites étaient disponibles sur l’agglomération, rappelle Jean-Paul Guicheney de la ligue des droits de l’homme de la Gironde. Pour l’accueil des migrants en provenance de Calais, on sait que plusieurs sites sont possibles. On ne voit pas pourquoi on n’arrive pas à répondre à un besoin qui est un droit. Il est important de traiter les demandes d’asile sur un pied d’égalité. »
Ce site du quai Deschamps fait déjà l’objet d’une procédure d’évacuation qui pourrait se concrétiser au cours du mois de mars. Les Sahraouis ont déjà été expulsés deux fois alors qu'ils campaient sous le pont Saint-Jean puis, à proximité, sur un terrain vague.
« Je suis né dans un camp (de réfugiés Sahraouis) en Algérie et je suis venu en France pour faire une demande d’asile. Cela fait 11 mois que je suis ici. Je ne pense pas qu’on aura d’hébergement. Que notre demande soit acceptée ou pas, il n’y aura pas d’hébergement. Le seul espoir, c’est l’obtention du statut de réfugié avec une carte de résident », explique un jeune homme de 28 ans qui vit sur le site.
« La situation est particulière en Gironde puisqu’en 2015, le transfert de la gestion de la plateforme des demandeurs d’asile a généré des retards dans les traitements de ces demandes. Il faut parfois 3 semaines pour obtenir un rendez-vous », précise Jean-Paul Guicheney.
aSoucieux de mieux faire comprendre au grand public leur situation et leur histoire, les Sahraouis organisent ce samedi 27 février, de 15 h à 22 h, une journée festive dans la salle Son Tay, située dans le quartier Saint-Jean. Il s’agit de célébrer les 40 ans de la république arabe sahraouie démocratique, qui existe sur le papier mais qui reste sans territoire. « Cela fait 40 ans qu’on leur promet un référendum pour l’autodétermination du Sahara Occidental », rappelle Jean-Paul Guicheney.