Bordeaux: «Le calculateur» vous dit comment sont utilisés vos impôts locaux
POLITIQUE•Matthieu Rouveyre, conseiller municipal socialiste, a mis en ligne ce week-end « le calculateur », qui permet de voir comment sont employés les impôts locaux...A quelles fins sont employés les impôts locaux à Bordeaux ? Une question à laquelle Matthieu Rouveyre, conseiller municipal socialiste, a voulu apporter une réponse en créant un outil en ligne, à partir des taxes d’habitation et des taxes foncières de 2016. Le budget annuel de la Ville de Bordeaux s'élève à 457,58 millions d'euros pour 2016.
Selon ses calculs, près de 12 % du budget est alloué à la culture, 10 % aux écoles et à la petite enfance et 8 % au sport et à la jeunesse. Le volet logement ne mobilise qu’1 % et le social 2,4 % quand les grands projets comme le stade Matmut et la Cité du vin représentent respectivement 2,5 et 3,8 %.
« Amis bordelais, vous rêviez de savoir à quoi servent vos impôts ? Nous avons créé le calculateur qui vous le dit ! https ://t.co/RdUKlIV2WM — Matthieu Rouveyre (@mattrouveyre) February 13, 2016 »
Quel est votre objectif en proposant cet outil ?
Mon but est de rendre plus accessible les informations financières et d’y intéresser les gens. Il faut comprendre que ces données ne sont que la concrétisation des choix politiques de la ville de Bordeaux.
Mais les chiffres ne révèlent pas tout. Le budget de la culture par exemple semble très important (presque 12 %) mais il faut voir qu’il est presque totalement préempté par l’Opéra National de Bordeaux.
Que retenez-vous de ces chiffres ?
La loi impose une présentation des dépenses par fonctions et je note que 26 % des dépenses ne sont pas fléchées (dépenses non ventilées). Ce qui me choque le plus, c’est que la part attribuée au social est extrêmement faible (2,4 %) alors que 25 % des gens vivent sous le seuil de pauvreté à Bordeaux. Qu’est-ce qu’on fait pour ces gens-là ?
Sur le logement, alors que l’obligation SRU (solidarité et renouvellement urbain) repose sur les communes, la ville n’y consacre qu' 1 % de son budget, alors même que Bordeaux est en dessous des objectifs de la loi SRU avec 16 % de logements sociaux (la loi impose au moins 20 %).
Vous ciblez particulièrement le Stade Matmut et la Cité du Vin, auxquels vous vous êtes opposés. Mais ces projets vont permettre des retombées économiques à moyen terme ?
Si toutes les autres politiques étaient couvertes, pourquoi pas faire un stade ? Mais ce qui me gêne c’est la répartition. A mon sens, le budget du social devrait passer de 2,4 % à au moins 10 % mais forcément, il faudrait prendre un peu ailleurs.
Il y aura des retombées pour les restaurateurs et le milieu du vin mais les créations d’emplois sont plus incertaines. Il y aura certes une création de richesses mais le problème c’est sa répartition. Comment on sait que le fruit de la richesse soit partagé ?
Vous dénoncez aussi le montage financier de ces projets ?
Bordeaux est la troisième ville la plus taxée de France, selon un rapport de l’observatoire des collectivités territoriales mais les services publics ne sont pas à la hauteur et on n’arrête pas de s’endetter.
En arrivant en 1995 à la mairie, Alain Juppé avait commencé à réduire le taux d’endettement de la Ville mais avec ces deux projets, noués en partenariat public-privé (pour le Stade Matmut et la cité du vin), je pense qu’on est revenu à la situation de 95.
Vous élaborez aussi une carte sur les équipements de proximité qui sont en suspens ou abandonnés. Pour quelles raisons ?
J’élabore cette carte depuis 4 mois, sur la base des témoignages des gens qui me contactent et je continue à actualiser les données. Il n’y a plus que trois piscines alors qu’il y a 250.000 habitants à Bordeaux ! L’école de la Benauge est dans un état déplorable, et le projet de crèche des Bassins à flot a été abandonné, par exemple. Il y a des enjeux d’intérêt général.
Quelles réactions espérez-vous de la part des citoyens ?
Je pense qu’un sursaut citoyen est nécessaire. Il faut que les conseils de quartier servent à parler du budget et pas que des situations annexes et il faut interpeller les élus.