DEPLACEMENTSBordeaux: «Nous envisageons la fermeture complète du pont de Pierre aux voitures»

Bordeaux: «Nous envisageons la fermeture complète du pont de Pierre aux voitures»

DEPLACEMENTSMichel Labardin, vice-président de la Métropole en charge des Transports de demain, revient pour «20 Minutes» sur les mesures qui seront mises en place ces prochaines années concernant les déplacements...
Mickaël Bosredon

Mickaël Bosredon

La Métropole de Bordeaux a annoncé vendredi une série de mesures pour développer encore les transports en commun sur l'agglomération bordelaise, et améliorer les conditions de circulation. Même si le temps passé par les automobilistes dans les bouchons est passé de 41h à 36h par an, Bordeaux est régulièrement classée dans le Top 5 des villes françaises les plus embouteillées (3ème ou 4ème selon qu'on se réfère au classement de Tom-Tom ou Inrix.) Les projets envisagés seraient étalés sur une dizaine d'années, et modifieraient profondément les déplacements. Michel Labardin, vice-président de la Métropole en charge des Transports de demain, maire de Gradignan, revient pour 20 Minutes sur ces mesures.

Les élus de la Métropole réfléchissent à une fermeture à la circulation du pont de Pierre. Comment cela se passerait-il ?

Dans le cadre des travaux de consolidation qui doivent être menés sur le pont d'ici à 2018, il y aura dans un premier temps une expérimentation, dès l'été 2016, pour fermer la circulation aux véhicules dans le sens rive droite-rive gauche. La fermeture complète du pont aux automobiles n'est pas envisageable tant que le pont Jean-Jacques Bosc n'aura pas été construit [fin 2018-début 2019]. Il y a un très faible nombre de voitures qui passent quotidiennement sur le pont de Pierre (la part modale de la voiture par rapport aux autres modes de transport était de 12 % en 2012) mais les temps de franchissement du pont en automobile sont très longs. L'expérimentation de la fermeture dans un sens de circulation doit donc nous permettre de vérifier si cela est supportable et si cela donne les effets attendus.

Mais vous envisagez clairement de fermer définitivement la circulation automobile sur le pont de Pierre ?

Oui, nous l'envisageons clairement. Mais si on empêche de passer sur le pont de Pierre, il faut proposer une alternative, qui sera le pont Jean-Jacques Bosc.

Il y a un an, la Métropole affirmait pourtant « vouloir gêner le moins possible » la circulation durant les travaux du pont. La réflexion a donc évolué en un an ?

Oui, mais ce n'est pas une politique de stigmatisation de la voiture. Il faut juste reconnaître que, dans le secteur central de l'agglomération, il existe des axes de transport efficaces. Donc notre réflexion se pose sur la place de la voiture dans ce secteur. Nous devons aller dans la rupture.

Il est aussi prévu la mise en oeuvre d'une Zone à restriction de circulation (ZRC) dans le centre de l'agglomération. De quoi s'agit-il ?

C'est une réponse à un appel à projets de l'Etat sur les villes respirables. Il s'agirait de n'autoriser que la circulation des véhicules les moins polluants - ce qui exclut les véhicules anciens et les gros véhicules - dans un périmètre situé entre les boulevards. Mais nous ne pourrons le faire dès lors que nous en aurons les moyens. Il faut mettre en place un système de contrôle des véhicules, soit à l'entrée de ce périmètre, soit sur les véhicules en stationnement, ce qui suppose des investissements.

Dans le cadre de la mise à deux fois trois voies de la rocade d'ici à 2025, vous voulez également réserver une file de circulation dédiée aux transports en commun. Cela concernerait l'ensemble de la rocade ?

Oui. Pour l'instant il a été décidé de mener une expérimentation entre les sorties 12 et 13 pour faire circuler un bus qui relierait la gare de Pessac-Alouette à l'aéroport d'ici à 2017. Mais l'idée est d'aller plus loin. Cette portion va servir de test pour une extension dans les années à venir. Ce qu'il est important de souligner, c'est que les 2x3 voies resteraient réservées à la circulation, et que nous nous servirions de la bande d'arrêt d'urgence pour créer une quatrième voie dédiée aux transports en commun, et aussi au covoiturage. On n'oppose pas les transports en commun à la voiture, au contraire.

Enfin, parmi les grandes mesures envisagées, il y aurait un tramway sur les boulevards ?

Oui, il s'agirait d'une grande ligne circulaire partant de Gradignan, passant par Talence, empruntant les boulevards, et qui rejoindrait le pont Chaban jusqu'à Cenon Gare. Ce serait la première ligne circulaire de l'agglomération, puisque pour l'instant nous n'avons que des lignes radiales. Mais nous sommes pour l'instant à un budget d'investissement de 350 millions d'euros, c'est trop, il faut trouver à l'abaisser.