L'association UFC-Que Choisir a fait de la problématique du retard des trains en France un véritable combat depuis des mois. Dénonçant les méthodes de comptage de la SNCF, elle a décidé de réaliser ses propres analyses, en lançant il y a six mois une application gratuite pour les usagers, baptisée « anti-retards. »

Le premier bilan est éloquent. En six mois, les usagers ont procédé à 42.000 signalements, dont 300 par jour depuis la rentrée. Ce qui a permis à l'association de dresser une carte des quinze lignes TER les plus problématiques en France. Deux d'entre elles, Bordeaux-Arcachon et Bordeaux-Agen, se situent en Aquitaine.

Les quinze lignes TER les plus problématiques en France, selon l'application « anti-retards » de l'UFC-Que Choisir - UFC-QUE Choisir

L'Aquitaine mauvaise élève de la ponctualité

Les usagers ont comptabilisé en moyenne un retard de 14 minutes sur la ligne Bordeaux-Agen, avec 569 incidents signalés, et un retard de 11 minutes sur la ligne Bordeaux-Arcachon, avec 447 incidents signalés.

L'UFC avait déjà publié une carte, le 26 mai dernier, des taux de retard moyens des TER région par région. Il en ressortait que l'Aquitaine faisait partie des très mauvais élèves. Avec une ponctualité moyenne de 86,8%, les trains régionaux sont parmi les plus en retard de France.

La carte des retards des TER, région par région, en 2014 - UFC-Que Choisir

Mais il s'agissait là des chiffres officiels de l'Autorité de la qualité de service dans les transports. Or, comme le soulignait l'association à l'époque, les trains qui ont moins de 6 minutes de retard sont considérés comme étant à l'heure...

Méthodes de comptage de la SNCF remises en cause

« Si nous étions sur des trajets longs, nous pourrions considérer que c'est tolérable. Mais sur des trajets courts, de 45 minutes en moyenne, cela équivaut à un rallongement de 13 % ! » dénonçait alors Mathieu Escot, responsable adjoint des études de l'association de consommateurs.

Par ailleurs, « la SNCF considère que tous les trains annulés au moins la veille de leur départ sont déprogrammés, et non annulés. Résultat : ces trains bel et bien annulés n'existent pas dans les statistiques, comme s'ils n'avaient jamais existé » soulignait encore Mathieu Escot.

Un taux de retard calculé sur une journée entière, et non aux heures de pointe

L'association d'usagers Fnaut Aquitaine avait elle aussi dénoncé des méthodes de comptage tronquées, dans 20Minutes le 27 janvier dernier. La SNCF avait annoncé le 16 janvier un taux de régularité de ses trains de 88,9 % à 5 minutes, « le meilleur depuis dix ans dans la région » selon son directeur régional, et de 93,7% à dix minutes.

« La SNCF pratique le mensonge par omission, fulminait alors Christian Broucaret, car le taux de 88,9 % concerne les trains arrivés avec un retard de moins de 6 minutes, et non de moins de 5 minutes. Cela fait une différence. Et rappelons que l’objectif fixé par la région, c’est 91 % de régularité. »

De plus, ajoutait Philippe Straehli, du collectif Teresa, « ce taux de régularité est calculé sur une journée entière, si l’on prend uniquement les heures de pointe, c’est-à-dire les moments où il y a le plus de passagers, il est beaucoup plus bas. »