Affaire Bettencourt: La juge Prévost-Desprez relaxée
JUSTICE•La magistrate était jugée pour violation du secret professionnel...Elsa Provenzano
Isabelle Prévost-Desprez a le sourire à la sortie de l’audience. Elle vient d’être relaxée ce jeudi, par le tribunal correctionnel de Bordeaux, après son procès qui s’est tenu les 8 et 9 juin 2015 pour violation du secret professionnel. Le procureur de la République avait requis 5.000 euros d’amende à son encontre.
Elle était soupçonnée d’avoir communiqué des informations sur une perquisition et des auditions de témoins, entre juillet et septembre 2010, alors qu’elle était en charge d’un supplément d’informations dans le volet abus de faiblesse de l’affaire Bettencourt. C’est en particulier un article du 1er septembre, paru dans Le Monde, et qui évoquait la perquisition à l’hôtel particulier de Liliane Bettencourt réalisée le jour même, qui a incité maître Kiejman, alors conseil de la milliardaire, a porté plainte contre la magistrate. Lors de l’audience, la juge a nié avoir divulgué des informations de cet ordre sur le dossier, à des journalistes.
D’autres pistes non explorées
En rendant son jugement, le président du tribunal, Denis Roucou, a parlé de « circonstances troublantes » mais a estimé qu’il n’y avait pas de démonstration de la divulgation d’informations en question à des médias. Il a souligné que d’autres pistes pour remonter aux sources des journalistes impliqués n’avaient pas été explorées. Il y a eu beaucoup de copies des PV des auditions en question et les fuites ont donc pu intervenir autrement que via Isabelle Prévost-Desprez.
Il est établi par les enquêteurs, qui ont épluché les relevés téléphoniques de la juge, qu’elle a échangé de nombreux SMS avec plusieurs journalistes. « Mais leur contenu n’a pas pu être connu et donc on ne peut pas dire s’ils concernent les faits en cause », a expliqué le président du tribunal.
Elle n’avait aucun intérêt à ce que ces informations soient diffusées
Sur l’information concernant une perquisition au domicile de Liliane Bettencourt. Le tribunal a relevé que la magistrate avait contacté Le Monde pour l’avertir que contrairement à ce qu’indiquait l’alerte du journal, elle n’était pas sur les lieux. « Si elle est à l’origine des fuites, pourquoi aurait-elle donné un élément inexact ? » interroge le tribunal dans l’exposé du jugement.
Enfin, sur le mobile qui a pu pousser à la divulgation de ces informations, le tribunal observe que maître Kiejman, qui a tenu publiquement des propos peu respectueux envers la juge, voulait qu’elle soit dessaisie. « Isabelle Prévost-Desprez n’avait, elle, aucun intérêt à ce que ces informations soient diffusées ».
La magistrate n’a pas souhaité s’exprimer en sortie d’audience.