JUSTICEVoleurs de grands crus: « Les bouteilles étaient vendues avant d'être volées » selon les avocats des braqueurs

Voleurs de grands crus: « Les bouteilles étaient vendues avant d'être volées » selon les avocats des braqueurs

JUSTICELes avocats des deux cambrioleurs ont plaidé jeudi matin, le jugement est attendu à 15 h...
Elsa Provenzano

Elsa Provenzano

Quinze prévenus comparaissent devant la juridiction interrégionale spécialisée depuis lundi pour vol et recel de 3771 bouteilles de grands crus, entre juin 2013 et septembre 2014. Yoann Gautreau, 27 ans, et son oncle, William Allard, 53 ans, qui l’aidait à charger les caisses de vin, ont cambriolé de prestigieux Châteaux pour un préjudice qui s’élève à un million d’euros. Trois filières de recel ont été identifiées grâce aux écoutes mises en place par la cellule d’enquête de la gendarmerie, baptisée Cassevin, après la découverte de l’ADN du jeune braqueur sur les lieux d’un des cambriolages, en septembre 2013.

Le procureur de la République Jean-Louis Rey a demandé, ce mercredi, une peine de 4 à 5 ans pour Yoann Gautreau et 4 à 6 ans pour William Allard. Les avocats des deux braqueurs ont plaidé, ce jeudi matin.

Les receleurs chargés par la défense

« Il affronte la vérité, il assume les faits », a commencé maître Alexandre Novion, avocat de Yoann Gautreau, pour souligner la franchise de son client qui a livré des aveux complets assez spontanément. Il brosse le contexte au moment des faits, évoquant un jeune homme d’une vingtaine d’années dépendant à la cocaïne et dans une « relation toxique » avec une jeune femme. « Il est évident qu’il ne pouvait passer à l’acte que s’il avait l’assurance de pouvoir vite revendre, souligne le conseil. Rien n’aurait pu se faire sans les Basques (la filière de recel basque). Les bouteilles étaient vendues avant d’être volées ».

Comme sa consœur Cathie Heurteau, avocate de William Allard, il pense qu’il est trop facile de parler de « receleurs passionnels », c’est-à-dire qui auraient commis des infractions à cause d’une passion pour le vin. « On a l’impression que dans ce procès il y a d’un côté les méchants voleurs et de l’autre les gentils receleurs, les bons à riens et ceux qui réussissent dans la vie. Mais s’il n’y a pas de receleur, il n’y a pas de voleur, a plaidé maître Cathie Heurteau. Les receleurs ont peut-être la passion du vin mais ils ont surtout la passion de l’argent. » Sur le montant d’un million d 'euros de préjudice l’oncle et le neveu se sont partagés 300.000 euros. Elle a également insisté sur le fait que les faits visés portent sur une atteinte aux biens, qu’il n’y a pas eu de violence et que les deux hommes n’étaient pas armés.

« Il avait un fantasme de gosse sur la prison »

Maître Alexandre Novion a également insisté dans sa plaidoirie sur les modèles paternels de son client, évoquant les 28 ans de condamnation de son oncle et le passage en prison de son père. « Il avait un fantasme de gosse sur la prison », lance-t-il, précisant que le jeune homme a été soulagé lors de l’arrestation.

« Il n’est pas plus coupable que les autres parce qu’il a pris les trois quarts des risques. Il mérite d’être sanctionné mais de façon juste et équilibrée. Ce serait bien que la justice donne le dernier mot à l’espoir, malgré les faits et l’importance du préjudice », a-t-il conclu.

Le jugement du tribunal est attendu à 15 h, ce jeudi.