JUSTICEGang des voleurs de grands crus: L'oncle et le neveu faisaient équipe

Gang des voleurs de grands crus: L'oncle et le neveu faisaient équipe

JUSTICEQuinze personnes sont jugées devant le tribunal correctionnel de Bordeaux pour des vols et recels de grands crus...
Elsa Provenzano

Elsa Provenzano

Le butin a été évalué à un million d’euros. Il faut dire que les cambrioleurs ont ciblé les plus prestigieux Châteaux Bordelais comme Petrus, Haut-Brion, Haut-Bailly, Yquem, Lascombes etc. « Ce n’était pas du gros rouge qui tâche », comme l’a souligné Denis Roucou, le président du tribunal, ce lundi, au premier jour du procès de 15 prévenus accusés de vols de grands crus et de recels. Ils comparaissent devant la juridiction interrégionale spécialisée jusqu’à jeudi, pour des infractions commises entre juin 2013 et février 2014. Deux des prévenus, qui reconnaissent les braquages, sont détenus ( l'un pour d'autres faits de cambriolages et l'autre a été placé en détention provisoire). Les autres, principalement accusés de recel, comparaissent libres.

Une histoire de famille

Yoann Gautreau, 27 ans, principal prévenu dans cette affaire et déjà condamné pour braquage par la justice a sollicité son oncle, William Allard, 52 ans, et déjà 28 ans de condamnation sur son casier judiciaire, pour l’aider à faire de beaux coups dans les plus prestigieuses propriétés Bordelaises. Ils sont poursuivis pour 18 cambriolages commis à chaque fois entre 2 h et 3 h du matin et à plusieurs reprises à bord de voitures volées qui ont ensuite été retrouvées calcinées.

Ils font les coups ensemble, le neveu force les grillages et les portes à coup de masse, de scie, il escalade les murs de pierres ou s’insère dans les systèmes de ventilation et son oncle l’aide à charger la précieuse marchandise. Presque à chaque fois, Yoann Gautreau asperge les lieux de javel pour effacer son ADN « comme il l’a vu sur internet ». C’est l’oubli d’un aérosol sur place qui va permettre aux gendarmes de retrouver son ADN et de le placer sur écoute.

Les écoutes ont joué un rôle déterminant dans l’enquête menée par la cellule d’enquête de la gendarmerie qui avait été baptisée Cassevin. Elles ont permis de découvrir trois filières de recel indépendantes les unes des autres à Biarritz, Bordeaux et dans le Tarn-et-Garonne.

Ils volent pour 235.000 euros à la Winery

Un de leur plus beau butin, ils le volent à la Winery, un site oenotouristique qui propose aussi du vin à la vente à Arsac, dans le Médoc. Ils dérobent 385 bouteilles (du Petrus, de Cheval Blanc, du Mouton Rotschild etc.) d’une valeur estimée à 235.000 euros. Selon les calculs du procureur, Jean Louis Rey, les deux voleurs auraient dégagé un bénéfice de 350.000 euros, sachant qu’ils revendaient les bouteilles à un tiers de leur prix sur le marché.

Le motif ? « L’appât du gain », répond Yoann Gautreau qui reconnaît une dépendance à la cocaïne depuis 2012, une addiction qui lui coûte jusqu’à 200 euros par jour. S’ils se lancent dans le cambriolage de Châteaux de renom c’est parce que Yoann Gautreau a l’assurance de trouver des acheteurs par le biais de Carlos Da Silva Lopes de Sa. Ce dernier est employé à Biarritz par un entrepreneur, Samuel Barros, qui gère une boutique et a créé une association d’initiation à l’œnologie drainant des acheteurs.

Des receleurs sur le banc des accusés

Carlos Da Silva Lopes de Sa aurait acheminé 1.350 bouteilles entre Bordeaux et Biarritz. Il raconte que Yoann Gautreau lui a dit qu’il pouvait lui avoir tous les vins qu’il voulait. « On lui faisait confiance, on ne lui posait pas de questions », balbutie le prévenu à la barre. « Mais vous deviez appeler d’une cabine téléphonique et le régler en espèces, vous deviez vous douter de quelque chose non ? » s’agace le président du tribunal. « Je me doutais que c’était du vin frauduleux mais je ne connaissais par le détail », lâche le prévenu.

« Prends-moi une unité de cheval, un bon morceau de cheval, lit maître Alexandre Novion, l’avocat de Yoann Gautreau, en s’appuyant sur la retranscription d’une conversation entre Yoann Gautreau et Carlos Da Silva Lopes de Sa. Cela ressemble à une commande ». Samuel Barros, l’entrepreneur Biarrot, reconnaît qu’au bout d’un moment, connaissant bien le vin, il s’est douté de l’origine frauduleuse des grands crus. Mais il nie avoir passé une seule commande aux braqueurs.