ENVIRONNEMENTGironde: Les associations vent debout contre le projet d'une « ferme-usine » de 12.000 porcs

Gironde: Les associations vent debout contre le projet d'une « ferme-usine » de 12.000 porcs

ENVIRONNEMENTLa pétition lancée en mars réunit plus de 46.000 signatures à ce jour...
Elsa Provenzano

Elsa Provenzano

La société d’élevage porcin Le Lay, implantée à Saint-Symphorien en Gironde, veut étendre son exploitation et la faire passer de 7.655 à 11.602 porcs. Un projet qualifié de « ferme-usine » par les opposants parmi lesquels de nombreuses associations de protection de l’environnement (Landes Environnement Attitude, la SEPANSO Gironde et Aquitaine et Agir pour l’Environnement) qui pointent les dangers de pollution des sols et du milieu aquatique. La pétition lancée à l’initiative de la Confédération Paysanne Gironde réunit aujourd’hui presque 47.000 signatures. On saura fin juin si le préfet de la Gironde autorise cette extension.

« Des animaux parqués »

Marie Bové, conseillère régionale Europe Ecologie les Verts explique en quoi ce projet peut être considéré comme une ferme-usine : « c’est un élevage hors-sol dans lequel les porcs sont enfermés 24 h sur 24. Les animaux sont parqués et vivent sur un paillage qui n’est pas naturel et comportant un système d’évacuation de leurs excréments. Le but du jeu, c’est de les faire grossir le plus vite possible en les nourrissant avec une alimentation industrielle ». La confédération paysanne s’était opposée au projet de « ferme aux milles vaches » lancé en Picardie en 2009, le premier à être appelé « ferme-usine ».

Crainte d’une pollution du milieu aquatique

Le commissaire enquêteur a émis, fin mars, un avis défavorable sur le projet, dans le cadre de l’enquête publique, estimant que « le projet d’extension de l’élevage et du plan d’épandage n’est pas compatible avec les enjeux prioritaires de ce territoire en matière de la qualité de la ressource en eau et de la préservation des milieux aquatiques ». On sait que les nitrates, présents dans le lisier (mélange d’urine, d’excréments de porc et des eaux de nettoyage des bâtiments d’élevage), polluent les sols et peuvent aussi une fois rejetés en mer favoriser le développement d’algues vertes. Le commissaire note que la zone prévue pour l’épandage est déjà classée vulnérable aux nitrates.

L’entreprise veut moderniser le site

Il est rapporté dans l’enquête publique que l’exploitant veut s’agrandir pour pouvoir engraisser l’ensemble des porcelets sur place. Actuellement certains sont expédiés vers d’autres sites, par manque de place. Les surfaces dévolues à l’épandage des lisiers passeraient de 413 à 926 hectares. L’entreprise explique dans le mémoire qu’elle a adressé au commissaire enquêteur que « la quantité d’éléments fertilisants épandus ne changera pas par rapport à la situation actuelle et que l’augmentation du plan d’épandage et des capacités de stockage du lisier permettent d’avoir plus de souplesse, de pratiquer une rotation sur les zones d’épandage et d’optimiser les périodes d’épandage ». Elle présente son projet de modernisation comme un moyen d’améliorer « l’ambiance des bâtiments et le bien être des animaux ».

« Cette ferme-usine veut doubler son cheptel de porcs mais ne prévoit pas de créations d’emplois », souligne Marie Bové. Elle estime que ce type de projet condamne l’agriculture paysanne, soucieuse de produire des aliments de qualité et d’aménager le territoire, tout en précisant que cet exemple est sans commune mesure avec les dérives de l’élevage porcin en Bretagne.