Aquitaine: Un fort potentiel de développement pour la méthanisation
ENVIRONNEMENT•Selon une étude de la région, une cinquantaine d’unités pourrait couvrir le territoire ces prochaines années…Mickaël Bosredon
Une étude sur la méthanisation a été menée en novembre 2014 par un groupement pour le compte de la région Aquitaine qui l’a financée à hauteur de 55.000 euros, et présentée lundi. Ce qu’il faut en retenir.
Qu’est-ce que la méthanisation ?
La méthanisation (encore appelée digestion anaérobie) est une technologie basée sur la dégradation par des micro-organismes de la matière organique, comme des déjections d’animaux ou épluchures de légumes. Cette dégradation aboutit à la production de biogaz. Cette énergie renouvelable peut être utilisée sous différentes formes : combustion pour la production d’électricité et de chaleur, production d’un carburant ou injection dans le réseau de gaz naturel après épuration. La méthanisation permet aussi la fabrication d’un produit humide riche en matière organique appelé digestat qui peut servir d’engrais naturel.
Quel est le poids de la méthanisation dans les énergies renouvelables actuellement ?
On recense à ce jour une dizaine d’unités de méthanisation en fonctionnement (et trois autres en construction) en Aquitaine. La plus grande unité de méthanisation de France se trouve par exemple à Hagetmau dans les Landes, il y a aussi celle de la Cuma de Marcillac-Saint-Quentin en Dordogne, ou encore d’autres dans le Lot-et-Garonne. Mais la filière ne pèse que 7,8 MW en termes de puissance installée. A titre de comparaison, le parc photovoltaïque du Bétout, à Sainte-Hélène, dans le Médoc a une puissance installée de 12 MW (soit l’équivalent de la consommation annuelle de 7.000 foyers hors chauffage). A Cestas, dans le sud-Gironde, le plus grand parc photovoltaïque d’Europe, qui devrait être livré en octobre 2015, atteindra 300 MW.
Quel est le potentiel de cette filière ?
La région Aquitaine, de par sa vocation agricole et alimentaire, possède un fort potentiel de développement de la méthanisation, assure l’étude. Celle-ci a évalué la ressource organique du territoire et les ressources mobilisables pour la méthanisation à l’horizon 2030. Cela représente 4,3 millions de tonnes brutes par an, et pourrait peser 11% de la production de gaz naturel dans la région. Cette ressource est nettement dominée par les déjections d’élevage qui représentent 71 % du potentiel énergétique total, les cultures céréalières, maraichères et agricoles représentent 20 %, et les déchets de la restauration, agro-industriels, boues d’épuration 9 %. La puissance installée resterait minime au regard des autres filières, mais participerait à atteindre l’objectif de 25 % minimum d’énergies renouvelables à l’horizon 2020 dans la région.
Quels sont les leviers pour la développer ?
La structure Méthaqtion, lancée en 2011 par la région Aquitaine et l’Ademe, est là pour ça. La région a ainsi apporté 5,9 millions d’euros depuis 2012 pour 89 millions d’euros d’investissement. A ce jour, 37 projets sont en cours d’étude.