SANTEBordeaux: La municipalité ne veut pas de «salle de shoot» itinérante

Bordeaux: La municipalité ne veut pas de «salle de shoot» itinérante

SANTELa ville devrait expérimenter une salle d'injection à risque réduit pendant six ans...
Elsa Provenzano

Elsa Provenzano

Mi-avril, les députés ont adopté la nouvelle loi santé qui comprend l’expérimentation pendant six ans de salles de consommation de drogues à risque moindre, dans trois villes dont Bordeaux. La loi doit encore être examinée par le Sénat, mais si le dispositif, qui toucherait quelques centaines de personnes, voit bien le jour dans la capitale Girondine, les modalités de sa mise en place divisent toujours.

«Le maire n'a jamais été favorable à ces salles mais en revanche il a bien pris la mesure de ce problème de santé publique. Il souhaite que l'expérimentation se déroule dans un cadre médical», rappelle Nicolas Brugère, adjoint au maire de Bordeaux en charge de la santé.

«Hors de question que cela se passe dans un bus»

Deux associations accompagnent principalement les toxicomanes sur Bordeaux : La Case, fondée par Médecins du Monde, et le comité d'étude et d'information sur les drogues et les addictions CEID. La première avait proposé en 2012 d'installer cette salle de consommation dans ces locaux, situés dans l'hypercentre. L'idée avait suscité un tollé chez les commerçants du secteur. «Ce n'était pas acceptable», commente l'adjoint en charge de la santé. Un groupe de travail avait alors été mis en place par la municipalité et celui-ci avait conclu à la nécessité d'une prise en charge dans un milieu hospitalier.

Plus récemment, le CEID a proposé un dispositif mobile pour aller à la rencontre des toxicomanes. «C'est hors de question, ça ne se passera pas dans un bus, car il n'y a pas de risque majeur. Il y a peut-être même moins de toxicomanes ici qu'ailleurs», estime Nicolas Brugère.

«Je pense que c'est plutôt à nous d'aller vers eux»

«Le dispositif mobile est adapté à la ville de Bordeaux car il n'y a pas vraiment de scène ouverte de la consommation de drogues mais plutôt des squats qui bougent», explique Brigitte Reiller, médecin addictologue et directrice du centre d'accueil et d'accompagnement à la réduction des risques pour les usagers des drogues, rattaché au CEID. Elle reconnaît que l'avantage de l'hôpital est de supprimer les problèmes de voisinage et que le dispositif mobile peut «attirer une population qui n'est pas visible habituellement...» mais, selon son expérience, les toxicomanes très précarisés ont du mal à se rendre dans des structures hospitalières. «Je pense que c'est plutôt à nous d'aller vers eux», souligne-t-elle.

La Case et le CEID vont travailler à une proposition commune, sachant que le critère du milieu hospitalier apparaît comme non négociable avec la mairie, qui a son avis à donner sur la forme que va prendre l'expérimentation, pilotée par l'agence régionale de santé d’Aquitaine.